Un riche paysan basque est épris d'une belle Américaine. Le mari de celle-ci semble favoriser l'adultère, car, sur le point d'être arrêté pour vol, il a besoin d'un alibi...
Louis Delluc était pour moi un mauvais scénariste et un mauvais directeur d'acteurs. Je peux juste reconnaître que c'était un très bon technicien, avec un joli sens du cadre, sachant mettre en valeur les extérieurs dans lesquels il mettait en scène ses films. Ici, c'est le Pays basque qui est à l'honneur.
Donc, les premières minutes quasi-documentaires, pendant lesquelles on voit le protagoniste traverser à pied les rues, avec une brève présentation des traditions locales, sont de très loin les meilleures, pour ne pas dire les seules réussies des cinquante qui constituent l'ensemble. En fait, si, ce sont les seules réussies de l'ensemble...
Après, c'est parti pour les défauts récurrents du cinéaste.
À commencer par une intrigue confuse où A aime B qui aime C et il y a D qui aime A, avec son très gros lot d'invraisemblances.
Oh oh, C va menacer A avec une arme pour qu'il mette par écrit qu'il était bien avec lui à telle heure dans tel lieu pour avoir un alibi au moment où il commettait un vol. Mouahaha, ce plan est diabolique et infaillible, si A ne dit pas à la police qu'il a dû écrire cela sous la contrainte de C (et c'est sûr que ce n'est pas suspect du tout une confirmation écrite d'alibi !).
Oh, A engueule D pour avoir caché un assassin, sans nullement connaître la personne planquée (donc qu'est-ce qu'il en sait que c'est un assassin ?), et sans nullement savoir si D n'a pas fait cela sous la contrainte. A dit à D qu'il faut donc qu'elle quitte le pays en conséquence, on ne sait pas pourquoi, pour quelle raison, mais il faut qu'elle parte. D accepte sans se poser de questions, on ne sait pas pourquoi elle l'accepte de le faire, euh OK...
Enfin, ce sont des incohérences débiles comme celles-là qui parsèment la filmographie de Delluc.
Ensuite, la direction d'acteurs. Ces derniers en font des giga-tonnes, sont outranciers (heureusement que Delluc disait qu'il voulait un jeu intériorisé, sinon qu'est-ce que cela aurait été s'il en avait voulu un extériorisé !). Delluc était critique de cinéma aussi. Mais, visiblement, il n'avait rien appris d'immenses réalisateurs contemporains comme Griffith, Chaplin ou Stiller dans ce domaine. Le pire, c'est dans les courts flashbacks inutiles, où ce qui était déjà ultra-soulignés par le jeu calamiteux des comédiens dans le reste du film est encore plus ultra-soulignés (sûrement à cause du fait de la brièveté de ces séquences, pendant lesquelles il y a donc moins de temps pour faire comprendre les sentiments qui animent les personnages !).
Flashbacks inutiles au passage, parce que présentant des situations que le spectateur est tout à fait capable de s'imaginer tout seul. En plus, si c'est pour montrer que le métier de maçon (oui, parce que le protagoniste dit qu'il a été maçon avant !) consiste à mâcher un mégot de cigarettes et à lancer un regard amorphe au loin (au lieu de, je ne sais pas moi, montrer quelqu'un en train de poser des briques les unes sur les autres, après avoir mis une couche de ciment !) ou être cowboy (ouais, parce que le protagoniste dit qu'il a été cowboy aussi !) consiste juste à jouer aux cartes dans le désert, ce n'est vraiment pas la peine.
Bref, qu'est-ce qu'il y a de plus intéressant à propos de Louis Delluc ? Le prix qui porte son nom.