C'est encore loin la maison ? Tais-toi, marche !
C'est beau comme du Spielberg ! Au début, on croirait un peu un documentaire : d'ailleurs, ce récit est autobiographique... Le thème ? Regard dans le rétro :
"C'est un peu comme les médecins boches de la seconde guerre mondiale qui prélevaient des camps de concentration des êtres humains pour leur faire subir des expérimentations médicales monstrueuses, mais en plus "soft" : ici nous sommes en Australie en 1931 où un abruti du patronyme de Auber Octavius Neville, chargé de la "protection" des aborigènes (qui vivaient alors heureux auparavant) se mit en recherche de les "blanchir". (L'eugénisme...) (1)
Commença alors une chasse au gamines légalement kidnappées et arrachées de force manu-militari à leur milieu familial. Elles étaient internées loin de chez elles sans espoir de retour, et apprenaient dans leur pension les tâches ménagères avant d'être embauchées dans de riches familles blanches, puis plus ou moins être tentées de se marier à des blancs. En trois générations, l'illuminé se faisait fort de "civiliser" les aborigènes... Révoltant.
On suit ainsi l'histoire (je ne dirai pas road-movie" de trois pauvres malheureuses gamines ainsi "volées" de 13, 10 et 8 ans et qui entreprennent sous l'autorité de l'aînée de retrouver leur lieu natal... La vie naturelle les a endrucies...Contre vents et marées, illusions mais surtout désillusions, elles vont entreprendre un périple terrestre de 2 000 km à travers les lieux australiens désertiques, hostiles, poursuivies par des traqueurs opiniâtres. Elles vont apprendre beaucoup au cours de cette aventure, notamment aiguiller leurs poursuivants sur de fausses pistes, effacer leurs traces... Vont-elles retrouver leur Jigalong natal ?"
Alors bien sûr, dès le début de ce film étonnant, émouvant, bouleversant même, on craque et on a de l'empathie pour ces trois mignonnes petites indigènes arrachées à l'affection des leurs, confrontées aux terreurs de gosses en fuite, et on admire l'étonnant courage dont elles font preuve...
Récit plein de sensibilité et on le comprend quand on découvre que le réalisateur, Philip Noyce réalise un projet personnel d'après l'adaptation du livre "Follow the Rabbit-Proof Fence" de Doris Pilkington Garimara, où l'auteur raconte l'histoire réelle de l'enfance de sa mère...
Le casting est une merveille, le jeu des enfants, la photo aussi, et la réussite est presque totale... Dommage : seule ombre au tableau mais de taille, la fin semble bâclée, expédiée et la récitation de l'épilogue submergée par une musique stupide qui lacère la narration...
(1) En 1930, il écrit dans un article pour The West Australian : « Éliminons les Aborigènes pur-sang et permettons la mixture des métis parmi les Blancs, et peu à peu la race deviendra blanche »
.
Arte le 09.08.2024-