Kamakura dans mon sang en plus la ville est jumelée à Nice je trouve ça hilarant que la ville dans laquelle je vis soit reliée à la ville où se passent 2 de mes œuvres de fiction préférées (Le grondement de la montagne et été précoce).

Bon morceau riche, petit gros morceau si on veut que ce drame dans la lignée esthétique du Naruse des années 30. Absolument fulgurant sur tous les points tant il est rempli d'informations qui s'enchaînent, de relations complexes et longues en 1h09 qui ne prennent jamais une seconde de repos. Chaque situation d'espoir subit un envers dans les 15 secondes qui suivent, en témoigne cette scène où les amants se promettent de s'aimer malgré l'adversité, l'apparition du printemps par lidyllique cliché de la fleur de cerisier, puis instantanément un retour au banal sordide du quotidien avec l'éruption d'une nouvelle angoisse, un nouveau tiraillement. J'irai pas jusqu'à dire que Naruse est un proto-brechtien comme Stroheim, mais force est de constater que la prédominance dialectique par le contre dialogue (une scène importante est d'ailleurs un contre dialogue explicitement) joue à le faire tendre de ce côté.

Le film a des partis prit narratifs que je trouve brillants, c'est pas du à Naruse sûrement, je sais pas à quel point il a impacté le scénario, mais c'est dans l'histoire une des choses les plus naruseenne que j'ai pu voir (encore cette dichotomie reel dur + idéal = dureté surpassée dans la resignation). Le fait qu'on le retrouve tout le temps montre quand même qu'il influence les récits qu'il filme.

C'est court, très émouvant, et bougrement intelligent même si parfois la mise en scène tombe dans des facilités qui ternissent un peu le tableau. Encore un grand film de Naruse, qui ne semble visiblement faire que ça.

PS: Je viens de vérifier et c'est lui qui a écrit le scénario, donc pas étonnant que le film soit comme ça.

Abrom
8
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le 3 mai 2023

Critique lue 6 fois

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