J'avoue que je n'étais pas plus motivé que ça : raconter le « quotidien » d'un chêne pendant presque 90 minutes avait tout pour apparaître beau mais ennuyeux. Mais finalement, j'ai été très vite rassuré par les intentions de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux (étonnamment réalisateur!), clairement animé par la volonté de faire un film populaire au bon sens du terme, séduisant visuellement sans pour autant perdre le spectateur sur le chemin de l'ennui. J'ai d'ailleurs été quasiment d'emblée séduit par le rythme, le pouvoir d'immersion et surtout cette volonté de ne jamais prendre la pose, d'être constamment en mouvement, le fameux chêne étant finalement un élément parmi tant d'autres, une figure centrale pour mettre en valeur la faune l'entourant.
Aucune parole, aucun commentaire, juste la beauté de la nature et de la biodiversité se déployant sous diverses formes, sans apparaître (trop) répétitive ou ennuyeuse, par sa courte durée, certes, mais pas que : les choix musicaux, aussi originaux que séduisants, la diversité des protagonistes, la « petite aventure » vécue par chacun d'entre eux, se répondant sans être calquée les uns sur les autres. Cet univers a beaucoup de charme, de malice, offrant même quelques séquences assez stupéfiantes (cette hallucinante course-poursuite entre un aigle et sa proie : comment a t-elle pu être filmée?) et une plongée nettement moins mièvre que nombre de documentaires animaliers sur grand écran : peut-être un léger effet de lassitude sur la durée, mais cette faune (légèrement gâchée par la présence d'une enfant de trois ans dans la salle) presque chorégraphiée, usant de quelques effets visuels pas si mal exploités, saura séduire (pas trop) petits et grands : une bien jolie sortie.