Béla Tarr, ce nom résonnait dans ma tête comme une formule magique qui m'évoquait Les Harmonies Werckmeister, L'homme de Londres ou autre Tango de Satan qui faisaient les beaux jours du Site.
C'est donc avec un plaisir sans mélange que je me préparais à voir mon premier Béla, Le Cheval de Turin, programmé par ce cher Ciné' fil et qui me promettait monts et merveilles.
Alors il serait injuste sans doute de ne pas reconnaître la beauté de l'image, ce noir et blanc qui confère un relief tout particulier à cette campagne aride et ingrate balayée par les vents, à ces êtres misérables figés dans leur quotidien sinistre et immuable, la fille telle un robot inexpressif s'occupant de ce père handicapé sans la moindre aménité.
On l'aura compris, cette existence triste à mourir ne vaut pas la peine d'être vécue et le malheureux cheval, prétexte à cette réalisation, est au diapason, en état de survie mais jusqu'à quand ?
J'ai cherché en vain durant les 2h30 qu'a duré le film un peu de beauté, un peu de sentiment, un regard, une émotion, je n'ai trouvé qu'une incommensurable tristesse sans la moindre lueur d'espoir à l'horizon, et seuls quelques tsiganes en folie venus se désaltérer au puits de ces damnés de la terre ont apporté quelques secondes de fraîcheur et de vie dans ce monde de brutes.
Je regrette presque d'avoir commencé par ce film moi qui rêvais de magie, mais je ne veux pas en rester là, ce serait m'a t-on dit trop dommage, je veux encore y croire.