Il me semble que le film représente bien une réalité dure et sans espoir de paysans hongrois au début du XX e siècle; Une campagne déserte apocalyptique où vivaient très précairement deux personnages de cette histoire réduite à l'essentiel sans mot superflu mais un minimum nécessaire pour annoncer une nouvelle direction un divertssement à quelque chose de nouveau une irruption qui surgit dans l'existence monotone de dénuement brutal et extreme sans recours et sans espoir mais avec des reves ceux-ci brumeux et vagues en vaquant à leurs occupations quotidiennes en faisant bouillir leur ration maigre du quotidien à savoir une pomme de terre à chacun, leur repas maigre et frugal que le sort leur a offert et ils mangent le tout comme des automates, déterminés à se nourrir pour ne pas crever comme betes de somme Pourtant une bete de somme est là un beau cheval de Turin animal fier et noble qui emmène et ramène le père qui n a pas un usage solide des deux bras, d'un lieu à l'autre quand le besoin s'offre de faire un voyage jusqu'au matin où le noble animal refuse de bouger: rien ne peut le faire avancer et refuse de prendre sa maigre ration du foin et de l'eau: Palinka un nom de boisson forte comme eau de vie que les personnages boivent pour se fortifier en duresse se ravigoter et continuer à mener la vie à la dure m' a semblé au début etre comme adresse à la jeune fille, faute peut etre prévisible., ramenant la jeune fille forte et dure par la vie et un peu ensorceleuse comme la boisson de ces terres! L'artiste se prend au mythe et à la nature pour nous montrer en plein désarroi d'une existence sombre ménaçant le chaos total
ils habitent dans leur solitude Ils y sont bien forcés tous les deux mais comme des humains à réflexion tout en se résignant ils regardent par la fenetre l'horizon brumeux de leur malheur et en y voyant juste là la ferme volonté de continuer jusqu' à la fin: Des prémonitions et des augures ne manquent pas dans cette campagne de désolation criante et horrible et terrible, signe d'un déchéance lugubre et implacable,d' ou une irruption du peuple vagabond de gitans peuple maudit et détesté par les gens sédentaires Les deux personnages paisibles se révoltent en portant leur haine dans leurs yeux meme et c'est la peur éternelle de ne pas finir comme des gitans sans lieu ni toit et en les chassent ceux qui sont d'ordinaire paisibles en lisant La Genèse dans la Bible pour se fortififier et leur donner un peu de sens à leur quete sur la terre,inutilement Ils savent surtout l'homme manchot et grossier, rudoyé par la vie, qu'ils sont là ou ils sont à leur place, partir c'est le désastre meme pire , joindre les malheureux et sans toits Ils chassent les gitans ayant peur de leur voisinage portant signe maléfique d'imprécations comme une sorce0llerie: et je pense aux autres gitans pauvres patres nomades de Normandie qui jettent le sort maléfique à quiconque leur donne une parole insultante qui souille leur sort des vagabonds ils ensorcellent leur existence jusqu'à la mort meme:à
L'animal intelligent refuse de manger et boire pour ,mourir pour écourter l'existence monotone et dure et la fille la belle jeune fille aux yeux expressifs et volontaires de race de beaux etres féeriques et altiers refuse enfin de manger elle aussi et l'image se figent sur eux deux comme dans la mort subite qui se déchaine sur eux deux la fille regardant vaguement en face d'elle et le père prenant sa pomme de terre avec sa main saine manger pour continuer à vivre car il n y a pas de choix: vivre ou mourir cela fait tout un un figement dans l'existence de deux morts vivants avec le troisième dans l'étable et ils seront là pour l'éternité figés dans leur malheur et leur silence: telle animalité qui se bat dans leur instinct de survie:
La vie est dure pour l'homme commun et son compagnon le cheval Il n' y a que le philosophe qui sent et ressent tout le malheur de cette existence brutale et dénudée de superflu avec la folie qui s'ensuit comme une autre mort possible car partir c'est quelque chose de repréhensible auquel ces etres pensent comme à une folie une démesure car partir dans le monde revient pour eux à des légendes des etres dignes de chance et de bonheur Pas à eux d' y avoir le recours; ils sont trop miséreux pour ce changement Ils ne sont pas des gitans et ils se figent dans leur malheur, par peur, cette éternelle peur de paysans qu' elle les fait réchigner tout changement qui les mettrait sur l 'immense route de l 'exode et de tout ce qui comprend un nouveau taux de vie pour eux Et ils font vivre dans la fausse existence qui fait d'eux des etres rampants sur la terre dure balayée par les vents s'aimant au minimum La vie est dure pour Tarr celui qui comprend tel le philosophe avec la mise en abyme de cette oeuvre qui se réfugie dans la folie et à l'artiste tel que Bella Tarr qui compatit avec cette misère humaine
Vivre, c est risquer
Je viens de lire, fouillant dans la bibliothèque parentale, une nouvelle d'un auteur hongrois Marty Edmond intitulé Nyaka qui est le sujet du texte et dont le nom est éponyme du titre qui présente la vie misérable et rabougrie d'un cheval plutot prometteuse et qui finit très mal misérablement au champ de bataille de la Grande guerre La période est aussi similaire avec la situation du film de Tarr C'est la désolation de petites gens qui se trouvent menés et manipulés dans leur vie et dans leurs usages d'ou la frustration née de l'incompréhension et le sentiment d'etre volés de leur bonheur Je vois le meme sensibilité d'artiste face au territoire malheureux et dévasté ou ne reste plus rien que le recueillement confronté à la mort et la destruction et à l'auto préservation à des gestes premiers C'est l'homme au carrefour de l'histoire ou ce qui reste est lui-meme face au silence et non- dit Le philosophe meurt en rage de folie mais les artistes reprennent ayant confiance en leurs paroles qui briseront le mur de l'insensibilité et de l'incompréhension pointera à la compréhension qui serait une tentative douce et légère comme cette main de la fille qui caresse le cheval malade ou trop usé par son maitre manchot et malheureux
Nous devrons comprendre cette oeuvre comme un monument d'une vie d'une condition humaine qui n'est pas si éloignée de la notre On le voit autour de nous partout Et la vie est si belle à l'horizon ou les etres spirituels calmes regardent toujours comme une échappatoire