Ce film, qui dure 2h30, est en noir & blanc, les dialogues sont rarissimes et l'intrigue est extrêmement resserrée. On suit les journées d'un vieux paysan manchot, sa fille et leur cheval mourant dans une ferme perdue battue par les vents.

Rien de bien funky n'est-ce pas ? Et pourtant, la beauté inouïe de l'image et la majestuosité des plans-séquences (le film en comporte environ 30, de 5 minutes chacun) nous plongent dans une espèce de grâce envoûtante. Un peu comme pour 2001 de Kubrick, la composition de chaque plan est tellement proche de la perfection que chaque image du film pourrait être isolée, agrandie, encadrée et exposée. Et ensuite, par de subtiles ruptures dans le quotidien de ces paysans (le cheval ne mange plus, l'eau se tarit, des bohémiens annoncent des malheurs), l'intrigue finit par se doter d'une dose d'étrangeté et d'apocalypse qui maintient notre attention jusqu'à l'ultime minute.

La fin du monde vue du bout du monde, tel semble être l'angle de Bela Tarr dans ce film infiniment crépusculaire. Cette décrépitude lente et fascinante interroge notre condition humaine dans ce qu'elle a de plus élémentaire et nous invite à nous demander de quoi nous avons besoin pour vivre, spirituellement et matériellement (cf. la scène où ils doivent choisir les biens à emporter avant de partir).

Jubilatoire par sa beauté, fascinant par son propos, The Turin Horse est un film-expérience somptueux.
marivaudage
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le 20 févr. 2011

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