Intéressante découverte

M'étant lancé ces derniers jours dans l'univers merveilleux de la Hammer avec la série des Dracula, le temps était venu de jeter un oeil au Chien des Baskerville par Terence Fisher (Surprise !), avec Christopher Lee (re-surprise !) et Peter Cushing en Sherlock Holmes (re-re-surprise !).

Alors voilà, le réalisateur et ses acteurs sont là, mais est ce que cela va suffire ? Comme c'était déjà le cas pour ses Dracula, la Hammer n'hésite pas à soigner le projet. Décors très bons, musique qui suit le mouvements, voilà de quoi ne pas gâcher le plaisir apporté par les deux acteurs chouchous et les autres ainsi que par la réalisation impeccable.

À vrai dire, trois choses seulement m'ont chiffonnées, qui ne sont pas vraiment de première importance.

Tout d'abord, Peter Cushing et Christopher Lee n'essayent pas de s'entre-tuer. Pire, Cushing protège et est prêt à venger la mort de Lee ! Évidemment, cela fait un choc au départ, surtout quand on vient tout juste se faire les Dracula.

Ensuite, la taille de Cushing et de Lee. Bon sang, il manque définitivement quelques centimètres à Cushing pour faire un très bon Holmes. Le voir plus petit d'une tête que sir Henry, j'avoue que ca a créé un décalage dans mon cerveau ! Fort heureusement, l'acteur se débrouille très bien dans le rôle et nous fait oublier ce détail en campant un Holmes énervant, hautain et brillant à souhait.

Le dernier point enfin, n'est pas aussi léger et sans conséquence que les deux premiers (qui n'étaient, soyons honnêtes, que des points insignifiants).
En effet, j'avais déjà remarqué ce fait sur Dracula (mais pensais à un accident), la petite équipe semble avoir du mal avec le concept d'adaptation fidèle. Et de fait, les libertés prises avec l'histoire de Conan Doyle sont énormes ! Suppression de scène (ont peut le comprendre), ajouts de détails (voir de scènes complètes, moins compréhensible), et pire de chez pire : modifications profondes de personnages secondaires ! La chose sera probablement fatale aux holmesiens regardant le film espérant y trouver une adaptation fidèle de l'oeuvre.

Toutefois, j'ai vu suffisamment d'adaptations de l'histoire du Chien pour prendre un peu de recul et celles et ceux capable de voir le film comme une oeuvre indépendante ou même seulement "inspirée de" devraient apprécier le film de Fisher.

Car en décidant de modifier des passages clés de l'histoire et en s'attaquant à certains personnages, le film permet une chose que les autres adaptations ne permettent pas : le doute.
Tout le monde sait bien que le chien n'existe pas, que ni Barrimore, ni sa femme ni son beau frère ne sont coupables et que Stapleton est le méchant. Ce film nous permet d'imaginer que cela pourrait ne pas être le cas.
Et de fait, à mesure que le film s'éloigne du livre et que les personnages se découvrent, tout le monde devient plus ou moins consciemment suspect.

Fisher nous offre donc une adaptation très moyenne mais un très bon film policier. Chaque personnage a sa part d'hombre et peut se regarder d'un oeil suspicieux, ce qui donne au film une série d'élans nouveaux et par conséquent un rythme appréciable.

Ce regain de suspicion - ou plutôt de curiosité quant à la vérité- ajouté à un excellent casting (seule Mademoiselle Stapleton m'a laissé un peu sceptique au départ), une ambiance très bien campée et une réalisation impeccable font de ce film une surprenante bonne surprise.

Vient alors la difficulté de le noter.
Du point de vu de l'adaptation, il ne vaut guère plus de 5 ou 6/10.
Du point de vu du film pur, il peut prétendre à un 8.

Un 7/10 donc, parce que même s'il échoue dans son rôle d'adaptation, ce Chien des Baskerville réussit le pari d'être un bon film.