Le Chocolat est un conte de fées moderne dont les personnages peuvent paraître, de prime abord, un peu caricaturaux; pourtant ils sont tellement justes, pleins de contrastes et de personnalité, que la magie opère. Le trait est forcé de façon volontaire mais c'est fait avec bienveillance. Les clichés transcendent justement le cinéma qu'on a l'habitude de voir. C'est fait exprès en gros, on voit bien que la réalisation ne se prend pas au sérieux et qu'elle ne cherche pas à faire dans le réalisme. C'est dommage que les critiques soient tombés dans le panneau et le descendent juste pour ça, car au-delà de ce constat superficiel, si on creuse un peu, c'est un vrai petit bijou.
L'histoire est belle, touchante, recherchée, et aborde des sujets importants (la marginalité, le contraste sédentaire et nomade, l'extrémisme religieux, le pouvoir abusif, la violence conjugale) sans pour autant nous servir une morale agaçante. Les acteurs sont bien choisis (en particulier Alfred Molina) et le rythme est harmonieux, sans moment creux, on peut sans mal s'identifier aux personnages, et se mettre à leur place. C'est bien écrit et chacun d'entre eux a sa place à part entière, son univers, ses démons.
Bien sûr que c'est niais, c'est fait pour nous faire rêver un peu, pour apporter une touche de lumière, de beauté, d'enchantement: je ne vais pas toujours au cinéma que pour faire la gueule. Purée que le monde est devenu cynique...
Il faut le prendre comme il est, léger, positif et poétique, et pour ma part c'est largement gagné.