On ne dira jamais assez combien le film épique sous ses formes antiques et médiévales reste la meilleures solution pour occuper les dimanche après-midis fussent-ils débordant d’un soleil inespéré.
Dans ce cadre idyllique, revoir Le Cid d’Anthony Mann est un peu comme boire du petit lait pour les étranges amateurs de la chose. Certains vous diront que le film rate un peu son histoire d’amour, ce qui est gênant quand on sacrifie une bonne partie des événements historiques à cette dernière, surtout que certaines ellipses sont un peu surréalistes pour un film de trois heures mais ces personnes sont des pisse-tisanes et il ne faut pas en tenir compte.
Le truc avec Le Cid, c’est que c’est un film pour petit garçon amateur de Johan et Pirlouit, il y a des coiffes féminines impossibles, des sièges avec catapultes, des joutes, du duel avec de ces grosses épées à taille d’homme qui fascinent tellement dans les nouvelles salles du Musée des Beaux-arts de la ville de Dijon qui n’aurait pas dû en profiter pour souiller la belle place contigüe avec sa terrasse inepte, des fauconniers, des charges fraîches et joyeuses, des mahométans plus ou moins éclairés, des Ibères dégénérés, des traîtres de partout et de magnifiques châteaux en Espagne…
L’histoire c’est que Charlton ne veut pas exécuter ses prisonniers sarrasins le jour de son mariage et du coup, il se retrouve vite dans la panade, surtout si une vague histoire d’honneur se greffe là-dessus avec la finesse habituelle…
Le Cid, tout le monde connait, Rodrigue dont on se demande s’il a bien un organe pour pomper le sang et s’il va finir par s’envoler un jour pour nous venger parce qu’il est mieux né que son âge, Chimène qui fait les yeux doux, Don Diègue qui a une drôle de rage de dents à cause de son grand âge, quelques rois, Ramiro le bâtard qui passait par là et je ne sais plus combien qui arrivent après être partis à cinq cents dans un port sombrement illuminé faute de combattants.
En résumé : du sang, du sexe et des boyaux !
Avec Charlton là-dessus, forcément, faut s’attendre aussi à du Christique, ça ne loupe pas, il multiplie les pains, accumule sacrifice, barbouse et lève les foules comme personne, c’est juste pour le coup de tendre la joue gauche qu’il a du mal… Chose étrange, il arrive à tenir presque tout le film sans exhiber son poitrail, la faute à la cotte de mailles, j’imagine…
Et donc, dans des décors somptueux et avec les milliers de figurants habituels, Anthony joue avec le cinémascope comme personne, une merveille de cadrage, j’adore les premières années du phénomène, quand chaque cinéaste essaie de s’approprier le nouveau gadget avec leurs trucs, les verticales imposées pour retrouver le format habituel au centre de l’écran, c’est un délice à contempler, ça passe le temps des scènes un peu longuettes, ça vaut presque en soi le visionnage…