Il y a avait tout dans ce film pour que je passe un moment grandiose. Le mythe du Cid pour scénario. Anthony Mann, (le réalisateur de "Fall of roman empire") derrière sa caméra, Miklós Rózsa à la partition (Ben Hur, Ivanhoé, etc), et Charlton Heston en tête d'affiche, trois heures de bobine...
Au final, si je n'ai pas été déçu, "El Cid" ne m'a pas emporté comme je l'espérais. C'est épique, tragique, bourrés de personnages charismatiques et de scènes grandioses mais... Les roucoulades contrariées entre Rodgrigo et Chimène (Incarnée par une Sophia Loren aussi splendide plastiquement que truffe dans son jeu) sont hélas aussi peu convaincantes que chronophages, grévant le déroulé de l'histoire, du coup amputée temporellement (des ellipses vertigineuses sont égrenées) et scénaristiquement (les embrouilles politiques méritaient plus de place, le contexte de l'Espagne d'alors est à peine esquissé).
Cependant, ne vous y trompez pas à me lire, on passe un excellent moment de "El Cid", tant on se délecte des décors colorés et titanesques, des foules des figurants armés jusqu'aux dents, des costumes splendides grimant des trognes débordant de noblesse. Charlton Heston, troquant la jupette de Ben Hur pour la cotte de maille du Cid, arbore comme personne la tenue d'époque, son charisme dantesque - quasi sacré - pèse de tout son poids sur chacune de ses scènes. Et puis ces histoires de chevalerie, d'honneur, de conflits religieux, politiques, de fratries royales qui se déchirent... C'est fichtrement prenant. Et Miklós Rózsa, quoique repompant sans vergogne son travail sur "Ivanhoé" (à vérifier mais le parallèle des certaines lignes mélodiques m'a fait tiquer), signe une partition aussi fougueuse que lyrique qui sied parfaitement au mythe qu'est "El Cid".
For Spain !