Inspiré de faits réels, ce film narrant l’histoire de l’épouse d’un garagiste, tous les deux passionnés d’aviation, qui va battre le record de distance d’un vol en ligne directe en 1937. Sorti en 1944, pendant l’occupation, ce film se veut un appel à l’émancipation et pose un questionnement sensible sur la frontière entre passion et raison.
Dans cette manière d’exprimer les désirs de leurs propres ambitions, de ce couple, admirablement interprété par Charles Vanel et Madeleine Renaud, le père prêt à vendre le piano de sa fille pour poursuivre financièrement son rêve, son épouse voulant s’émanciper quitte à s’affranchir de ses devoirs de mère, on peut aisément y voir un désir d’échappatoire à une époque où les velléités d’émancipation individuelles sont mises à mal par un régime liberticide.
S’attachant principalement à filmer ses personnages au plus près, avec toujours cette manière unique de les magnifier dans la singularité de leurs propres actes, Jean Grémillon élève encore une fois son cinéma de par une mise en scène s’attachant visuellement à magnifier le quotidien de gens simples. Comme il l’affirmait dans une interview réalisée en 1956 à Radio-Cinéma : « Dans Le Ciel est à vous, comme dans mes autres films, j'ai voulu raconter simplement une histoire simple. Je ne m'intéresse pas au destin. Mes personnages ne sont ni des héros ni d'effroyables monstres mais des gens simples, aux prises avec des circonstances qui, elles, sont exceptionnelles. »
Dans ce registre alliant la simplicité du propos dans ce qu’il a de plus noble, à une mise en image fabuleuse de réalisme lyrique il parvient à faire passer de grands messages humanistes s’opposant à toutes les évidences imposées mais sans jamais rejeter qui que soit dans une apologie de l’idéologie supérieure, tous les personnages ont leur chance chez Grémillon.