Le Ciel et la Boue par Teklow13
En 1959-1960, l'expédition franco-hollandaise organisée par Pierre-Dominique Gaisseau réussit la première traversée sud-nord de l'île de Nouvelle-Guinée, dans sa partie alors sous contrôle des Pays-Bas. Ils passent 3 mois à visiter les tribus Asmat, puis se lancent à l'assaut de la cordillère centrale en remontant le fleuve Steenboom.
Le ciel et la boue est un superbe documentaire que l’on pourrait situer entre l’œuvre de Jean Rouch, le récit d’aventure exotique à la Tintin, le carnet de voyage, et les expéditions de Werner Herzog.
Le film est surtout porté par son geste fou, son envie d’exploration, de plonger dans l’inconnu, de se confronter au danger. Il y a un vrai désir aventureux et une fascination qui nait à la vision de ces hommes qui traversent un monde perdu (d’ailleurs on pense à Conan Doyle), en barque sur les eaux troubles, à pied dans l’immensité de la jungle ou à travers les montagnes.
Le réalisateur parvient parfaitement à retranscrire l’enfer vert, la chaleur, les animaux, l’humidité, la maladie, la faim, la boue, la peur mêlée d’excitation des rencontres, à travers les images, souvent magnifiques, le son et la voix off.
J’ai quelques légères réserves sur l’approche ethnologique du film, sur sa façon de filmer les peuples rencontrés et de retranscrire leurs mœurs. C’est le côté « Tintin » du film qui cherche un peu malgré lui à provoquer curiosité et exotisme en abordant les us et coutumes de ces peuples au fin fond du monde, chasseurs de tête ou cannibales. Mais ça reste vraiment très léger.
Dommage aussi que le film soit si court, il aurait gagné en immersion et en fascination sur une plus longue durée (fallait-il encore qu’ils aient les images disponibles).
Malgré ces petits détails, ça reste un film magnifique.