Au sein d'un clan, Ishikawa aspire à créer le sien. Cependant, lorsqu'il s'agit de régler les problèmes de son chef, la méthode douce ne fait pas partie de son vocabulaire. Il va vite se révéler incontrôlable, fou et dangereux pour ses ennemis et ses proches.

Petit rappel, un yakusa qui appartient à un clan, doit obéïr à son chef et le protéger au péril de sa vie. Ishikawa ira à l'encontre de ces principes et s'offrira un parcours semé de bruit et de fureur. Le film débute comme un documentaire avec les voix-off des personnes l'ayant connu sur des photos d'enfance d'Ishikawa avant de plonger dans le monde brut des clans du Japon de l'après-guerre 39-45.
Les séquelles de cet événement bouleversent le cadre du film qui emprisonne les personnages dans des plans obliques, déformés, éclatés lors de la séquence du raid des yakusas contre les Chinois et les Coréens et le montage réduit la séquence d'une ivresse de joie bondée de femmes, d'argent et d'alcool de ces mêmes Chinois et Coréens, à un clip qui rend cette idée de bonheur courte et fallacieuse.

Ishikawa n'est autre que le fils rejeté d'un pays malade à la recherche de ses repères. Loup errant, il brave l'interdit en faisant fi du code d'honneur et négocie sa liberté par des crimes. Fukasaku parvient à créer un personnage antipathique et fascinant, hanté par le jeu d'acteur de Tetsuya Watari, qui évite un jugement hâtif par ce trouble qu'il émet (son personnage tentera de s'excuser auprès des victimes de sa folie).

L'équilibre vital provient de la prostituée peu laconique Chieko avec laquelle il entretient une relation ambigüe teintée de répulsion / attraction. Néanmoins, elle sera à ses côtés pour lui payer sa caution et la réciprocité lui sera rendue.

"Trente ans de vie, trente ans de bordel", voilà une belle phrase de conclusion du personnage qui laisse transparaître un nihilisme dont nous avons été témoins.
John_Irons_Stee
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 avr. 2014

Critique lue 761 fois

9 j'aime

Critique lue 761 fois

9

D'autres avis sur Le Cimetière de la morale

Le Cimetière de la morale
John_Irons_Stee
8

Chronique amère d'un yakusa cinglé

Au sein d'un clan, Ishikawa aspire à créer le sien. Cependant, lorsqu'il s'agit de régler les problèmes de son chef, la méthode douce ne fait pas partie de son vocabulaire. Il va vite se révéler...

le 27 avr. 2014

9 j'aime

Le Cimetière de la morale
Vlari0
7

30 années de bordel

"Le Cimetière de la morale" nous raconte les dernières années d'un yakuza, Ishikawa, qui, dans le Japon d'après guerre, passe son temps à enfreindre les conventions de son milieu et de la société en...

le 6 avr. 2016

3 j'aime

Le Cimetière de la morale
LeBlogDuCinéma
8

dualité du Japon d’après guerre : entre héritage culturel et percée du capitalisme -- Par le Blog du

(...) Il est toutefois intéressant d’envisager le comportement d’Ishikawa comme une extrapolation du mal capitaliste qui ronge subtilement la société japonaise, notamment ces fameux yakuzas. Car...

le 29 juin 2014

3 j'aime

Du même critique

La Cité des morts
John_Irons_Stee
8

Scary Witches

Quand les hommes servent le diable en échange des macabres rituels, cela donne un nom, Whitewood, village de la Nouvelle Angleterre qui fût envoûté par la sorcellerie jusqu'à en dénicher une de ses...

le 15 nov. 2013

7 j'aime

Ai Nu, esclave de l'amour
John_Irons_Stee
8

Quand la Shaw Brothers se frotte à l'érotisme

Une pépite de la Shaw Brothers trempée dans l’érotisme et mêlée aux éclats de sang qui en découle, telle est la nature de ce film scrutant l’homosexualité féminine au cœur d’une intrigue où la...

le 31 juil. 2013

5 j'aime

Flash
John_Irons_Stee
9

Need for speed !

The Flash reste un bel événement télévisuel qui secoue le spectateur lambda aux yeux ébahis devant le bolide écarlate. Le revoir dans sa période presque old school n'entache rien au programme qui...

le 8 nov. 2015

4 j'aime