Je me revois, à l’âge de 9- 10 ans, visionner ce film pour la première fois. C’était dans la salle vidéo de mon école primaire.
[Egypte, 1914]
Cette scène d’introduction m’avait particulièrement marqué à l'époque. Il faut dire qu’il s’y passe déjà pas mal de choses, à commencer par un comique de répétition tout sauf désagréable (« Aziz, LUMIERE !!! »), pour embrayer vers de la science-fiction pure et dure (apparition des Mondoshawan, révélation du fameux « Cinquième Elément »). Quant à la conclusion de cette séquence, la note est plutôt stressante et pessimiste (mort du professeur, perte de contrôle de son jeune assistant, panique qui s'ensuit, conséquences funestes...). Bref, une entrée en la matière assez impressionnante et franchement bien orchestrée.
[Futur, 2263]
Premier constat : une petite influence Lucasienne (des croiseurs interstellaires qui ne sont pas sans rappeler ceux de la célèbre trilogie Star Wars).
Second pas : bienvenue dans un futur complètement déjanté et bariolé.
Un futur où l’on a résolu le problème du tabagisme en inversant la taille du filtre des cigarettes et celle de la partie à fumer. Aussi simple que ça.
Un futur où les voitures volent - y compris les jonques des traiteurs thaïlandais -, mais où le Mc Drive existe toujours.
Un futur où tout le monde est habillé par Jean-Paul Gautier, des Marines aux hôtesses de l’air, en passant par la star de la radio locale en combi léopard & perruque Elvis ou les portes-flingues en short du bad guy de service (celui-ci ressemblant d'ailleurs assez étrangement à un Adolf Hitler du futur).
Un futur où l’on peut combiner un lance-flamme, un lance-roquette, une arbalète, un lance-filet, un fusil d’assaut à tête chercheuse et une arme cryogénique à faire pâlir Mr Freeze dans un seul et même flingue ("Mon préféré !").
Un futur où les humains sont encore la race dominante sur Terre, ce qui n’empêche pas une boule de feu géante et des Alien particulièrement hideux avec des tronches aux faux-airs de Sylvester Stallone de foutre la merde où et quand ça leur chante.
Un futur ou l’opéra est réduit à un morceau de quelques minutes mixé avec de la techno et interprété par une diva extraterrestre de 2m de haut qui saigne bleu. Du space-opéra, quoi.
C’est à peu près tout…
Ah, non.
Ce film, c’est aussi un déluge de répliques cultes, dont je connaissais la moitié par cœur à la fin du premier visionnage (« Aziz LUMIERE !!! », « Vous êtes licencié ! », « Multipass » ou « Je suis très désappointé ! » pour ne citer que celles-là), c’est une avalanche de gueules du cinéma, tous parfaits dans leur élément (Bruce Willis, Mila Jovovich, Ian Holm, Gary Oldman), c’est l’un des rares films où le héros et le méchant ne se croisent jamais, c’est un Chris Tucker hilarant qui s’éclate et fait le pitre sans arrêt, c’est une scène d’action Die Hardesque à bord d’un paquebot de croisière spatial, c’est une scène culte où une héroïne sulfureuse tabasse du Xenos sur fond de musique d’opéra/techno, c’est une scène beaucoup plus sombre où l’on prend conscience de la valeur de la vie humaine, c’est un film qui s’ouvre avec un môme se faisant engueuler parce qu’il s'endort au lieu de faire son boulot et qui se termine sur un dialogue de sourds entre la mère névrosée du héros et le président des Etats-Unis...
Film culte pour certains, navet total pour d’autres, Le Cinquième Elément représente pour ma part une expérience très positive en tant que cinéphile, d’une valeur affective forte.
Même si, avec le temps, ce film baisse en qualité et dans mon estime (comme ce fut le cas pour la Prélogie SW), il restera toujours à sa place : parmi mes meilleurs souvenirs.
Musique !