Ce deuxième film de Paul Newman derrière la caméra, n'était pas prévu d'être sa deuxième réalisation. C'est Richard A. Colla, un obscure réalisateur de téléfilms et de série B, qui avait été embauché pour le tourner. Mais celui-ci se fera virer au bout de quelques jours seulement. Paul Newman, qui avait déjà réalisé le très réussi "Rachel Rachel" en 1968, accepta alors d'endosser la double casquette acteur/réalisateur pour finir le projet. Une décision qu'il regrettera durant le tournage en affirmant, qu'il n'avait pas mesuré l'énorme charge de travail que cela allait lui demander. (Cela de l'empêchera pas de récidiver une décennie plus tard dans son film "L'affrontement" (1984).)
Le Paul Newman réalisateur restera toujours dans l'ombre de celui de l'acteur et peu de gens se souviennent de ses réalisations. Ce deuxième film confirme pourtant l'énorme talent qu'il avait derrière une caméra.
"Le clan des irréductibles" dresse un portrait typique de l'Amérique et de l'éternel clivage politique entre républicains et démocrates. La famille Stamper symbolise l'esprit conservateur des américains, fiers, bornés, têtus, machos, travailleurs et ancré dans le patriarcat. Seul le fils bâtard Leeland, n'adhère pas à l'esprit de famille et pour avoir vécu en ville, serait plutôt un démocrate, bien plus ouvert et à l'écoute des femmes du clan.
Sur fond de conflit sociale à propos de grèves des bûcherons, à laquelle seule la famille Stamper refuse d'adhérer, le scénario navigue sans cesse entre deux points de vues de l'Amérique. D'un côté la réalisation tire vers un film syndicaliste et gauchiste; de l'autre on reste fasciné par le magnétisme des travailleurs de forêt, filmé de façon virile et très impressionnante. Le film refusera de prendre parti jusqu'à la fin...
Où Leeland résumera bien l'engrenage de la politique américaine en déclarant à son frère "Ok, cette année je travaillerai pour toi, mais l'année prochaine tu travailleras pour moi."