Le film du réalisateur irlandais est symptomatique d’une tendance du cinéma anglo-saxon contemporain. D’un point de vue artistique, il n’y a pas de cinéma. Le scénario est très convenu et sans surprises. Mais comme toujours, le bonheur vient des comédiens, et même ici des comédiennes toutes excellentes, surtout l’immense Maggie Smith.

Les femmes de la petite ville de Ballyfermot, en Irlande, espèrent toutes être les heureuses élues qui pourront effectuer un pèlerinage dans la ville sacrée de Lourdes, en France. Au cours d'une soirée de tombola pour le moins mouvementée, ce sont les ouvrières et amies proches Lily, Eileen, Dolly et Sheila qui mettent la main sur le prix tant convoité. Au fil de ce voyage d'une vie, le quatuor découvre le véritable sens de l'amitié, en plus de vivre tour à tour un « miracle » personnel.

Peut-être que la seule surprise du film est qu’il est moins comique que l’affiche, assez quelconque, le laissait supposer. Ce n’est pas « Le miraculé », amusante satire anticléricale signée Jean-Pierre Mocky, dans laquelle il moquait férocement de la ferveur suscitée par la ville de Lourdes. ‘Le club des miracles’ est à la rigueur une comédie dramatique qui émeut par moment.

Le film est assez inoffensif. Le cinéaste observe avec tendresse ces irlandaises se rendre convaincues à Lourdes et pleines d’attentes. Il s’amuse de la crédulité de l’une d’elle qui croit à des miracles quasi-automatiques, pose sa caméra dans l’une des nombreuses boutiques où l’on vent toute sorte d’objets dérivés. C’est assez amusant, bien qu’attendu.

Pourtant, le pèlerinage à Lourdes n’est pas tellement le sujet du film. Ou en tout cas, il est rapidement occulté par une autre piste scénaristique, preuve de la faiblesse assez manifeste du scénario. On finit davantage par s’intéresser au secret qui unit les trois femmes. Mais là encore, le scénario se montre limité car il est assez mal construit. Le secret est éventé à la moitié du film, ce qui fait que la deuxième partie du film est bien moins palpitante que la première.

Comme souvent dans les films anglo-saxons, et même dans les films qui ne sont pas ouvertement militants, il y a toujours une teneur sociale mais ici bien petite. Le cinéaste irlandais place sa caméra dans les milieux défavorisés d’une toute petite ville irlandaise. Il est un peu question d’une fille-mère. Ca ne va pas plus loin que ça et on ne peut s’empêcher d’y voir une sorte de caution émotionnelle destinée à mettre le spectateur dans de bonnes grâces.

En fait, le bonheur du spectateur ne provient presque exclusivement que des comédiennes. Comme toujours dans les films britanniques, l’interprétation est au cordeau. Même si elle ne joue pas dans une adaptation d’un roman de Stephen Kings, Kathy Bates fait parfois un peu peur. Quelle joie de retrouver sur les écrans Laura Linney, qu’on ne voit plus beaucoup sur les écrans et c’est bien dommage ! Et puis, il y a l’immense, la seule et l’unique Maggie Smith qui nous manquait. A 88 ans, sa puissance de jeu est toujours intacte. Elle passe de la dureté à l’humour pince-sans-rire en un clin d’œil.

‘Le club des miracles’ est une comédie gentillette, sans surprise mais jamais désagréable. Il n’y a aucune prétention, pas beaucoup d’ambition non plus. Grâce aux comédiennes, on passe un bon moment, ni plus ni moins.

Noel_Astoc
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le 22 déc. 2023

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