Le cochon de Gaza est une fable et l’histoire raconte un bout de vie de Jafaar, un pauvre homme sur un mode tragi-comique. Tragique parce que la situation de cet homme qui tente de survivre et de gagner sa vie est en soi tragique, mais comique parce la situation est totalement ubuesque ! Jafaar, un pécheur palestinien qui ne ramène rien de sa pêche sinon des tongs, pêche un jour un cochon ! Animal impur pour les palestiniens comme pour les israéliens ! Il ne sait qu’en faire, il est dépassé par la situation, cherche toutes sortes de solutions mais peu à peu sa relation avec ce cochon évolue. Il se laisse d’abord attendrir au moment où il veut le tuer, puis il décide d’en tirer profit. Sa répugnance pour l’« impureté » de l’animal disparaît au fil du temps, au point qu’il finit par l’introduire dans sa maison.
L’humour affleure à travers les répliques et c’est un humour bienveillant. Certaines situations sont vraiment cocasses comme l’achat du viagra en pharmacie pour augmenter la production de sperme du cochon, véritable poule aux œufs d’or pour Jafaar !
Sous ses airs légers et superficiels, ce qui est raconté n’est pas si loin de ce que peuvent vivre les gens là-bas au quotidien qu’ils soient palestiniens ou israéliens. Pris dans une situation complexe que ce soit sociale, politique ou religieuse, ils ont tous à faire face à des situations improbables un jour ou l’autre.
Au niveau symbolique, la relation au cochon dans ce film, symbolise la manière dont le regard de l’homme peut diaboliser l’autre et fausser ainsi ce qu’il est. A travers cette histoire ce sont les relations entre les deux peuples, israéliens et palestiniens, qui sont abordées de manières distanciées. Et c’est finalement cette bête impure qui rapproche Jafaar de Yelena, une israélienne et qui crée un lien d’amitié entre eux. De quoi changer le regard sur l’autre …
Le film s’enlise malheureusement dans la dernière partie, à partir de l’histoire de l’attentat. L’histoire devient maladroite et lourde.
La situation se dénoue de manière totalement irréaliste, mais encore une fois, Le cochon de Gaza ne se veut pas être une histoire « réaliste ». Sa finale est bien celle d’un conte, d’une fable, c’est une ouverture sur une réconciliation désirée. Voilà ce qu’en dit Sylvain Estibal, le réalisateur :
« J’ai choisi, pour la fin du film, cette danse hip-hop de jeunes danseurs handicapés. Je pense que ces deux peuples d’Israël et de Palestine sont un peu à leur image, deux peuples blessés qui se font face. Ils symbolisent, à mes yeux, la souffrance d’Israël et de la Palestine, de laquelle peut surgir toutefois une entente. Je voulais terminer sur une image symbolique et belle, sur une vision d’espoir. »
Cette finale ne dit pas : « tout est bien qui finit bien », mais plutôt : espérons qu’il soit possible un jour de trouver une entente entre ces deux peuples.