Un film réjouissant, inventif et surprenant : Le Cochon de Gaza, sorte de fable comique sur le conflit israélo- palestinien, un "cri de rage" exempt de toute agressivité, mis en scène de la façon la plus ludique qui soit.
Jafaar, c'est ce pêcheur palestinien de Gaza, pauvre hère tirant le diable par la queue comme la plupart de ses congénères, soumis au bon vouloir des soldats israéliens qui squattent le toit de sa maison, et des barbus tout puissants qui traquent l'insoumis et l'infidèle.
Entre ordures variées et diverses qu'agrémentent les jours de chance baskets et tongs dépareillées, notre homme remonte un jour dans ses filets un... cochon !
Petits yeux porcins, groin puissant et fouineur, un vrai cochon quoi, et noir qui plus est : le diable est dans la place!
Sasson Gabaï, une trogne pleine d'humanité qu'on n'oublie pas, formidable interprète de La visite de la fanfare, nous offre de nouveau son jeu à facettes, tantôt matois et rusé, tantôt attendrissant à force de combines et de magouilles, passé maître dans l'art de la débrouille, désarmant mais jamais désarmé.
Un beau conte qui fait de ce cochon bruyant et renifleur honni des deux communautés, le passeur et le lien entre les frères ennemis et le symbole d'un début d'entente.
Victime ou héros, Jafaar, personnage truculent donne à cette fable poétique et burlesque une dimension onirique : rêve d'espoir et de paix dont on se plaît à penser qu'il pourrait devenir réalité.