Le colosse de Rhodes était l’une des 7 merveilles du Monde . On sait que cette statue géante fut construite en souvenir de la résistance victorieuse au siège de Rhodes vers -292 et qu’elle fut très endommagée par un tremblement de terre 77 ans plus tard. Sergio Leone, dans son premier film officiel, ne s’embarrasse pas de vérité historique et fait débuter son histoire après la construction de la statue. L’île, dans le scénario, est l’enjeu de luttes d’influence entre les Grecs (les Bons) et les Phéniciens (les Fourbes). L’histoire se résume donc à la lutte des Grecs pour la libération de l’île face à l’appétit de pouvoir des Phéniciens.
Le colosse de Rhodes pourrait faire penser à un Golem fait d’argile qui défendrait le port et la cité contre l’ennemi. Il est conçu (dans le film) avec une machinerie compliquée qui permet de mettre le feu aux bateaux qui passent en-dessous ou qui permet de lancer des projectiles enflammés de son sommet. Mais le thème du film s’éloigne résolument du film fantastique promis par l’affiche.
Non le colosse de Rhodes n’est pas le film attendu, une créature monstrueuse n'échappe pas à son créateur pour punir l’humanité de son arrogance. Non le colosse ne se déplace pas en détruisant la ville à chacune de ses enjambées de pierre. Non il ne sauve pas les habitants de Rhodes des envahisseurs, alors que c’est pourtant sa vocation première.
Le colosse de Rhodes sert de prétexte à un péplum classique avec tout le décorum du genre : mouvements de foules, batailles, luttes de héros en costume dans un cirque, tortures diverses, belle héroïne (Léa Massari). L’arrière plan sociopolitique permet de suivre l’intrigue sans s’ennuyer : combat d’un peuple pour sa liberté, pouvoir corrompu, trahisons multiples et inattendues, victoire finale du Bien sur l’oppression. Au final le film est sans surprise, le tremblement de terre final étant la partie la plus spectaculaire avec des trucages réussis.
Sergio Leone a prétendu avoir voulu faire un péplum parodique et outrancier pour se moquer de ce cinéma populaire. Cette volonté de dérision ne saute pas vraiment aux yeux mais cache plutôt un certain désintérêt pour le genre et l'envie de passer vite à autre chose. Il participera ensuite à Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich sans être crédité et démissionnera au cours du tournage. C'était sa dernière fois... dans le péplum.