Dans ce documentaire, Alexandre Poncet et Gilles Penso se penchent sur les concepteurs d'effets spéciaux à l'ancienne, en particulier les films des années 1980, et la difficile transition vers les images de synthèse, qui est souvent vécue par les intéressés comme la fin d'un âge d'or.
Le film est bourré d'archives sur la conception des maquettes, leur fonctionnement, montré comme un véritable travail d'artisan, comme le monstre de The Thing, un alien de Aliens, ou encore le travail incroyable que fut l'animation des Gremlins dans le film de Joe Dante.
On voit bien que c'est un boulot de dingue (surtout pour Rob Bottin, tellement passionné par son travail pour The Thing qu'il restait dormir le plateau !), mais c'est vraiment payant sur ces films que nous connaissons, et qui marchent encore ; il suffit de voir Phil Tippett animer image par image dans une séquence filmée de nos jours le robot de ED-209 de Robocop, avec la voix originale de Jon Davinson (producteur du même film), pour que le résultat laisse encore pantois.
Du coup, le travail de ces artisans est particulièrement mis à l'honneur, avec des interviews de personnalités aussi diverses que Phil Tippett, Rick Backer, Greg Nicotero, et un très drôle Steve Johnson, qui aurait pu être un Tony Stark parfait ! Il y a aussi des réalisateurs interviewés comme Guillermo Del Toro, Christophe Gans, Kevin Smith, Joe Dante et John Landis, mais qui sont plus là comme des fans de ces effets à l'ancienne, ou qui crient leur amour à leur père spirituel, Ray Harryhausen. Concernant Stan Winston, il est dommage qu'il n'y ait aucune archive audio ou vidéo, le monsieur étant décédé, mais on a son fils, Matt, qui parle très bien de la conception des créatures de son père, en particulier les dinosaures de Jurassic Park, qui est montré comme LE film-charnière, une bascule entre le traditionnel et le moderne, l'arrivée des images de synthèse.
On sent vraiment l'amour des réalisateurs et le rythme haletant fait qu'on ne s'ennuie jamais. On décèle même une dramaturgie avec la dernière partie sur les effets numériques, qui ont fichu à la porte des nuées de concepteurs de maquettes, et qui sonne comme un danger sur leur surexploitation actuelle, du fait que si tout parait possible aujourd'hui, ça ne surprend plus tellement aujourd'hui. Certains nuancent tout de même cet état de fait en parlant de films exploitant intelligemment les effets spéciaux numériques, comme Cloverfield (où le monstre ne fut que peu dévoilé pour des questions de budget), et le travail de Peter Jackson. Il y a à ce titre un passage sidérant où Rick Backer avait crée des tas de maquettes pour la saga Men in Black et que, signe du temps, le studio a dégagé pour proposer à la place des créatures de synthèse.
Du haut de ces 102 minutes, c'est passionnant à suivre, bien rythmé, on en aurait juste voulu encore plus. Mais ça reste un très bel hommage à ces artisans de l'ombre qui auront crée tant de créatures mythiques.