"Ce n'est pas de la vengeance, c'est de la justice."


Après le diptyque (plus ou moins réussi) «Les 3 Mousquetaires» l'année dernière, Pathé continue de développer son "Dumasverse", en s'attaquant à la nouvelle adaptation d'une autre des œuvres les plus célèbres de l'auteur français, histoire d'amour, de trahison et de vengeance.


Le duo Matthieu Delaporte-Alexandre De La Patellière (déjà à l'écriture sur les Mousquetaires) nous propose une adaptation dans l'air du temps, un blockbuster populaire (bénéficiant une nouvelle fois d'un budget très conséquent, ici de 43 millions d'euros) aux costumes et aux décors somptueux, et emprunt d'une ambition certaine (à l'image de sa séquence d'ouverture, nous plongeant de suite dans l'intrigue, et ce de manière efficace).


Portant quasiment le film sur ses seules épaules, Pierre Niney s'avère plus que convaincant et charismatique dans le rôle principal, en particulier quand il devient ce fameux Comte à double visage (que personne (ou presque) ne reconnaît, alors qu'il est sommairement grimé. Suspension d'incrédulité, quand tu nous tiens ^^), au jeu et au regard intenses, sûr de lui et de son plan machiavélique, tout en étant dévoré par la colère qui l'habite depuis si longtemps.


Un personnage dépeint dans cette nouvelle adaptation comme une sorte de Bruce Wayne/Batman (la séquence de combat nocturne vient clairement souligner ce parallèle) : victime, juge et bourreau ("C'est moi qui récompense et c'est moi qui punis"), obsédé par sa quête de "justice" et usant de toute sa fortune pour la mener à bout, s'entourant par la même occasion de deux jeunes recrues (son Robin et sa Batgirl ?), ayant elles aussi des raisons de se venger de ces mêmes hommes.


Face à eux, une belle galerie d'antagonistes, très bien incarnés par Laurent Lafitte, Bastien Bouillon et Patrick Mille, jaloux, salauds et profiteurs.

Dans le rôle de son ancienne bien-aimée, Anaïs Demoustier semble un peu plus en décalage avec le reste du casting, parfois moins convaincante dans son jeu.


Quelque part entre le thriller en costume, le drame psychologique et le film d'arnaque plutôt habile, une œuvre imposante et bien rythmée, dont le souci principal vient, à mes yeux, du fait de trop vouloir apposer les codes du blockbuster américain à cette œuvre à l'ADN français, et vient parfois impacter directement la force dramatique qui peut se dégager de telle ou telle scène, la rendre moins "palpable".

Un choix qui m'a particulièrement marqué dans le dernier tiers du film, jusqu'à flirter notamment par moments avec les codes du cinéma de Michael Bay, avec sa musique pompière et pas très inspirée, et sa mise en scène grandiloquente (la caméra tournant autour de ses personnages, avec ses effets ralentis), notamment lors de son duel final.

Comme dit plus haut, l'ambition est bien là, mais pas forcément toujours illustrée de la meilleure des manières à l'écran.


Bref, je ne me suis jamais ennuyé devant ces 3h de film et laissé prendre par cette quête de vengeance et ce jeu de dupes (peut-être parce que je découvrais pour la première fois cette histoire, n'ayant pas lu l'ouvrage de Dumas, ni vu aucune des adaptations cinématographiques/télévisuelles qui ont vu le jour), en particulier grâce à son casting, Niney en tête, et la volonté bien présente de son duo d'auteurs-cinéastes de nous proposer une œuvre romanesque et exigeante, ce qu'il parvient à faire en grande partie.

Mais un film de qualité que j'aurai voulu un peu plus marquant, la faute à une exécution parfois trop blockbusterisante à laquelle je n'ai pas été très sensible et que j'aurai souhaité un peu plus incarnée, à l'image de son protagoniste principal.

Raphoucinevore
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le 29 juin 2024

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Raphoucinévore

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