Le Comte n'est pas bon !
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
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le 1 juil. 2024
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Des scénaristes et acteurs, personne n’a visiblement lu le roman d’Alexandre Dumas, dont il ne reste ici qu’une reprise approximative de la trame principale agrémentée de personnages tantôt réécrits tantôt inventés. La distinction, issue du livre et répétée par Dantès, entre l’assouvissement d’une vengeance et le désir de réparer une injustice n’est que thématique et ne rend compte d’aucune nécessité éprouvée au plus profond de soi ; dès lors, comment espérer restituer l’ambiguïté du héros ? L’acteur studio prend des poses, qu’immortalisent des ralentis pompiers, passe de la maigreur cadavérique à la gonflette façon Rambo lors d’une séquence hilarante de remise en forme au fond d’une geôle putride. C’était là pourtant qu’il devait creuser, non seulement un souterrain vers la liberté mais surtout son intériorité tourmentée par tiers interposé ; l’abbé Faria n’est plus un confesseur, devient le Père Fouras gardien d’un trésor aussitôt présenté aussitôt trouvé.
La mise en scène publicitaire atteste le déficit de regard et l’absence de lecture offerts au roman : ses plans captés dans tous les sens aguichent mais n’incarnent jamais, plus lisibles heureusement que ceux des pauvres Mousquetaires esquintés par Martin Bourboulon l’année dernière. La musique sert de liant, similaire à celui que l’on utilise pour reboucher joints et fissures : elle colmate les scènes et maintient le film dans une acmé permanente, dans une tension des plus artificielles qui assène une gravité que la réalisation ne parvient à susciter. À noter, le choix de gammes diatoniques descendantes jouées aux violons provient de la partition musicale d’Alexandre Desplat pour Harry Potter and the Deathly Hallows: Part 1 (David Yates, 2010)… Voilà donc un nouvel exemple d’inflation au cinéma, sauvé par ses comédiens talentueux. Lisez d’abord, adaptez ensuite !
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le 29 juin 2024
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