Le Comte n'est pas bon !
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Je m’avance sûrement mais si Edmond Dantès avait été enfermé non pas au Château d’If au large de Marseille mais à Craigmillar Castle à Ardsmuir en Ecosse ; en serait-il ressorti plus Heathcliff que Monte-Cristo ?
Il est tout de même troublant de ressentir des similitudes entre ces deux grands personnages dont la vengeance guide leur existence. Là où Edmond Dantès est méthodique, Heathcliff est lui impitoyable.
Les deux romans, publiés de part et d’autre de la manche à quelques années d’intervalles (1844 pour Le Comte Monte Cristo et 1847 pour Wuthering Heights), peuvent en de nombreux points être vus comme des frères de haine et de manipulation.
Même s’ils abordent la vengeance sous différents traits, il est surprenant de constater les liens entre les intrigues que chacun mettent en place – avec notamment le rôle des enfants de « la seconde génération » - pour arriver à leurs fins.
Heathcliff quitte la demeure des Hurle Vent - Catherine s’est mariée avec un autre que lui - pour revenir des années plus tard, et personne ne connait l’origine de sa fortune. L’enfant sale et grossier a fait place à un gentleman éduqué et particulièrement retords. Une seule chose compte : se venger et spolier ceux qui ont fait de son enfance une humiliation et une dégradation permanente. Le passé a défini son avenir, sa vengeance accomplie le désemplira de toute substance vitale.
Edmond Dantès, dans sa quête d’ascension sociale est trahi par les siens le jour de son mariage. Il sera enfermé de nombreuses années et reviendra vingt ans plus tard, transformé en riche Comte de Monte-Cristo pour punir ceux qui l’ont abandonné à son sort, et transmettre le mal là où le mal l’a frappé : au cœur pour Mercedes et Fernand, à la réputation pour Villefort et à l’argent pour Danglars. Une question demeure pour Edmond : quel avenir pour lui une fois sa quête accomplie ?
Dans ce terrarium brumeux de cruauté que sont les Hauts de Hurlevent, le Comte de Monte-Cristo apparaît en comparaison comme un vengeur solaire dans une quête d’équilibre et d’absolution. Le climat a une incidence particulière sur le récit mais également sur les caractères des personnages. Il n’est pas à écarter qu’Edmond – qui n’aime que la Mer – ai en son fort intérieur assimilé le mouvement perpétuel et le chaos des vagues comme boussole. Je ne peux m’empêcher de croire que le soleil de la méditerranée a empêché Edmond Dantès de se livrer aux ténèbres et au macabre dans lequel se dissout Heathcliff.
Créée
le 4 juil. 2024
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