On attendait beaucoup du film Le Concert, on attendait tant de Radu Mihaileanu après Va, vis et deviens. La projection terminée, on garde une impression de gâchis et un arrière-goût de déception.
Le scénario recelait tous les éléments pour permettre à l'œuvre de prendre son envol. On voulait se sentir complice de cette imposture rocambolesque, de ces pérégrinations ubuesques. On se disait qu'on porterait un regard interrogateur, sorte de « vue de l'intérieur » sur une certaine réalité historique (la persécution antisémite et la condition des artistes sous Brejnev et consorts). On pensait que les vertiges de la création de Tchaïkovski donneraient un souffle unique. Les accents de l'âme slave. Des sons éphémères aussi fugaces que la gloire du Maestro. Mais...
Le registre emprunté est supposé celui de la comédie dramatique. Ne serait-ce plutôt une comédie tirée vers la farce et les caricatures ? Le tempérament russe est dépeint cliché après cliché – que ce soit à travers une scène de mariage au parfum de nouveaux riches, qui vire au règlement de comptes entre mafieux ou le comportement de la troupe des ex-musiciens-pieds nickelés. Soulards, indisciplinés, intéressés par l'argent dès lors qu'ils arrivent à Paris...hormis que leurs grands cœurs les rachètent de tout. Un stéréotype de pied en cape. Tout, ou presque, est à l'avenant.
On ne comprend pas bien, pourquoi persister à faire tant de mystère autour d'un secret qui n'a rien de honteux ; tout au contraire puisqu'il permet à la jeune musicienne de comprendre et d'accepter telle une apaisante évidence, sa filiation parentale et musicale.
Entre le débordement et la plus stricte retenue, la marge était suffisante pour trouver la juste note. Les bons sentiments et le désir étaient là. Cela aurait pu être... Cela aurait dû être... Il reste la scène du concert, fort belle, au cœur du théâtre du Châtelet somptueusement filmé et le jeu de trois comédiens russes confondant de spontanéité et d'émotions.