Vu le 29 juin en avant première et en présence de Ari Folman, « Le Congrès » m'a véritablement séduit et conquis, au point d'y repenser encore souvent.
Le fait d'avoir une présentation de l’œuvre par son auteur avant la projection fut plutôt intéressant, Folman a notamment expliqué qu'il voulait se détacher de l'image qu'on lui avait donné après « Valse avec Bachir », et que pour cela il était parti dans un genre totalement différent, la Science-fiction et le mélange réel et animation.
Il adapte ici « Le Congrès de futurologie » de Stanislas Lem, l'auteur de « Solaris », en y ajoutant bon nombre d'idées personnelles.
Spoiler dans la suite
« Le Congrès » nous raconte donc l'histoire de Robin Wright, actrice ratée à qui l'on décide de donner une dernière chance. En échange de beaucoup d'argent et de l'interdiction de jouer à nouveau dans un film, elle pourra être scannée et son image pourra ainsi être utilisée par les producteurs pour faire toutes formes de films avec son image mais sans recourir à sa présence.
Le concept est intéressant, Folman cherche à critiquer le cinéma et à deviner le devenir de ce dernier.
Cette partie est la plus réussie du film, elle dure une quarantaine de minutes et s'avère être sublime autant dans la forme que le fond, Folman prouve qu'il est aussi doué avec les prises réelles qu'avec l'animation. On est tour à tour intrigué, surpris, emballé, on se surprend même à sourire à plusieurs reprises et on atteint un sommet d'émotion sur la fin de la séquence. La partie se termine par une scène banale en apparence, on scanne Robin Wright qui se retrouve dans une sorte de boule qui clignote quand le scanner est en route, et derrière un moniteur on trouve Harvey Keitel (son agent), et le gérant du scanner, celui qui s'occupe de la machine qui va scanner. Mais bien sûr Robin Wright ne parvient pas à donner le meilleur d'elle-même et n'arrive pas à faire toutes les expressions que le gérant lui demande. C'est alors que Harvey Keitel, fabuleux monsieur Keitel qui ici est juste génial, lui conte sa vie, de son premier client à sa rencontre avec Robin Wright, et je dois avouer que la scène est juste magnifique et bouleversante (elle me fait un peu penser au final de Paris, Texas, sauf que dans « Le congrès » les deux protagonistes se voient et savent à qui ils ont à faire).
Ce final achève avec les honneurs la première partie, qui je trouve mérite sans problème un 10/10. Elle est tellement bien qu'on est déçu par le début de la deuxième, mais j'y viens.
Donc la deuxième partie, elle se passe vingt ans plus tard et met en scène de nouveau Robin Wright mais ce coup ci, après la prise d'une drogue, le film bascule vers l'animation.
L'animation est très propre, très belle et fait penser à Popeye de par le design des personnages malgré tout, et après la claque de la première partie, celle-ci a du mal à débuter, on est vite pris par une forme d'incompréhension et d’ennui et il faut bien attendre 10-15 minutes pour qu'elle décolle, et pour le coup, encore une fois, chapeau bas pour Folman, car le film décolle magistralement.
Folman nous emporte dans son univers fantastique et quand je parle d'emporter c'est que je fus véritablement happer par le film, l'ensemble est à la fois onirique, magique, beau à mourir, touchant et très original. Folman montre qu'il a un certain talent pour créer et inventer des univers complet, poétique et transcendant de vie et d'émotion, pendant cinquante minutes j'étais comme dans un rêve. Cette partie ressemble plus à une rêverie qu'à un film et la BO magnifique de Max Richter accompagne l'ensemble à merveille.
On est tellement pris dedans que le retour à la réalité pour une dizaine de minute me parait caricatural et sans grand intérêt (comme les dernières minutes de Valse avec Bachir et ses images d'archives du conflit), comme si Folman voulait absolument critiquer la drogue, le cinéma, la rêverie, les dérives des nouvelles technologies utilisées dans le cinéma (comme la 3D etc...) et l'omniprésence des images de tout genre dans notre société, un peu comme un virus, du coup, et même si on ne comprend pas tout au final du film, on est content de retrouver l'animation pour un dernier instant magique...
Au final je pense que Folman à réussi sa « reconversion » et nous pond un film très personnel et très réussi, à mes yeux le plus beau film que j'ai pu voir cette année pour le moment, bien sûr je passe pas ma vie au cinéma et nombres de projets m'intéressent pour les mois qui nous séparent de 2014, mais en ce 2 juillet 2013, au moment ou j'écris cette petite critique, c'est à mes yeux le film de l'année !
Je voudrais rajouter que la première partie est de loin la plus réussie et que le lien entre les deux parties est un peu faible et l’excuse de la drogue un peu facile pour passer à l'animation et même si le début de la deuxième partie n'est qu'une répétition de la première on est moins touché par le message un peu moralisateur que Wright pond, pour autant l'ensemble du film est fantastique et cela dans tout les sens du terme, chapeau bas quoi qu'il en soit pour Folman!
Ps : un petit mot pour dire que le film regorge de références au cinéma et à l'art en général et il est sûrement très intéressant de le revoir plusieurs fois, d'ailleurs je me tâte à y retourner !