C’est toujours un peu facile de taper sur les films ambitieux. Ils ont la maladresse de leur audace, les aspérités de leur naïveté, l’indigeste de leur démesure, les risques de leur choix.
Toutes choses que je pourrais reprocher à ce film, mais que je pourrais aussi tenter de dépasser en louant le travail et les intentions de son réalisateur.
C’est un film assez émouvant sur l’âge et la maternité, sur le rapport au système : biologique, qui nous conduit vers la mort, et professionnel, qui nous exploite en attendant. Toute la première partie est de ce point de vue assez acerbe et, bien que peu originale dans son propos, épaissie par l’incarnation, justement, de Robin Wright et Harvey Keitel. C’est certes un peu long, mais le déséquilibre avec ce qui suivra est assez malin puisqu’il permet au spectateur une véritable nostalgie du passé et du « réel ».
Le film d’animation qui lui succède me pose davantage de problème. Là aussi, les choix sont sans doute motivés, car proposer une animation old school type celle des frères Fleisher (Betty Boop, Popeye) pour évoquer le sommet de la réalité virtuelle n’est pas sans ironie. Reste que je trouve ça personnellement plutôt laid et que la débauche de couleurs, si elle renvoie à un trip psychotrope, le fait comme on le voyait durant les sixties, et que ce maelstrom d’époques et d’esthétiques abouti à un brouet presque insipide en ce qui me concerne. L’aspect décousu de certaines séquences et confus de la narration achèvera plus d’un spectateur, même s’il est vraiment conseillé de tenir le coup jusqu’à la fin. Sans la révéler, (et même si là aussi, il serait gonflé de parler d’une révélation tant le propos est éculé), elle permet un retour de l’émotion qu’on avait un peu oublié, comme si nous sortions nous aussi des vapeurs hallucinogènes des mondes parallèles. La séquence finale rappelle beaucoup celle de A.I, et cette émotion de fin du monde est vraiment intense, allant jusqu’à justifier certaines errances du film en son centre.