Ary Folman aime mêler l'animation aux prises de vue réelles, et ainsi mieux confronter fiction et réalité. Et si dans Valse avec Bachir le film commence avec des personnages fictifs pour mieux revenir à la fin sur des images d'archives, dans le congrès c'est dans le monde réel que nous entrons, où l'actrice joue son propre rôle, pour arriver dans un univers fictif. Ary Folman ne se sert pas de cette combinaison de technique simplement par soucis d'esthétisme, mais cela sert la narration et rend le message encore plus clair et plus fort. La transition du dessin animé a l'image documentaire sur la guerre du Liban dans Valse avec Bachir en est un bon exemple.
Folman imagine une possible évolution d'un certain type de cinéma, qui se veut de plus en plus immersif et personnalisé. Mais ce monde qui prétend être un lieu de libre expression de chacun, nous apparaît pourtant comme dénué de toute humanité. Ce monde n'est autre qu'une vaste illusion.
Si le sujet semble pure imagination, l'actualité montre que la réalité prenne ici le pas sur la fiction. En effet la mort de l'acteur Philip Seymour Hoffman a mis en échec le tournage des différents films dans lesquels il figurait au casting. On a alors pu voir que certaines assurances de production allaient à l'avenir exiger que les acteurs soient scannés avant de démarrer un film, afin d'anticiper un quelconque problème. Bien que l'intention soit différente, le parallèle avec l'histoire imaginée par Folman est intéressant. Et à l'image du film où l'animation devient réalité, le scénario imaginé pour Le congrès semble devenir concret.