Oué, le film est glauque.
Bien filmé aussi, et avec des acteurs très convaincants et investis.
Cela reste un enchainement de scénettes illustrant la montée d'une emprise sordide puis sa détérioration non sans fracas et douleur. Le déroulé est assez mécanique mais sais ménager les images glauques et sordides qui illustrent le propos avec le malaise qui convient.
On peut regretter que Jean-Paul Rouve force le trait du prédateur sexuel libidineux et ignominieux dans son aspect et ses manières alors que le vrai Matzneff témoignait d'un physique et d'attitudes visiblement plus avenantes ... ce qui renforçait sans doute la puissance de la manipulation et la complexité de la situation. Dommage que de facto cette réalité s'avère complètement balayée pour transposer le personnage d'emblée sous la forme d'un monstre répugnant comme pour faire transparaitre sur le physique l'ignominie morale, à la façon d'un conte. Cela correspond au demeurant probablement à la vision qu'en garde l'autrice qui en rapporte les évènements, mais narrer la montée de l'emprise en jetant d'emblée sur le manipulateur la lumière qu'on en aura *a posteriori* pose un biais certain sur l'énonciation des faits.
De fait le film confond parfois un peu la fable et l'authenticité, mais il n'en reste pas moins sincère et utilement interpelant.