Une oeuvre d'art plus q'un film

Isao Takahata prend un vrai risque formel et signe ici une œuvre visuellement audacieuse, car elle s’éloigne des standards attendus de l’animation moderne pour se tourner vers l’aquarelle, le croquis et l’estampe. Ce choix n’est pas gratuit, il est profondément aligné avec la culture japonaise et en accord également avec la nature de son histoire, un conte.

Kaguya répond au désir d’enfant d’un couple de paysan, en naissant dans un bambou. A ce père qui ne veut que le meilleur pour elle, le destin lui offre également les moyens matériels. Mais peu à peu il perd la mesure du bonheur de Kaguya. Cette dernière, en s’ouvrant peu à peu aux émotions humaines, se joue ici des conventions pour mieux se moquer des puissants et des vantards. Le film est une parabole très sensible sur notre rapport à la nature, sur les liens humains, l’amour et le bonheur, mais également sur la nécessité d’apprécier ce qu’on a et de ne pas chercher à vouloir toujours plus.

Cependant, comme dans toute parabole, j’ai eu plus de mal à m’identifier ou à m’immerger dans le récit, ou encore à m’attacher aux personnages, qui sont justement des symboles. C’est donc pour moi un film très beau, une véritable œuvre artistique sensible et profonde. J’en apprécie objectivement les nombreuses qualités, mais je suis un peu sur ma faim.