Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Je m'interroge encore sur la pertinence d'une telle critique, tant le film comble toutes mes attentes avec une joie non feinte. Après tout, il s'agit d'un Ghibli, mieux encore, d'un Takahata de surcroît, ce maître-là ne prend pas un malin plaisir à jouer avec nos nerfs en décidant de partir à la retraite tous les 5 ans, mais à mesure d'un film tous les 15 ans environ c'est tout comme finalement. Alors dans ce genre de situation non seulement le fruit de ce travail n'a pas le droit de se planter (la paix mondiale est en jeu pour le coup), mais en tant que spectateur j'estime que l'on n'a encore moins le droit de douter de l'auteur ou de remettre en cause ce travail. Et ouais, Takahata fait partie des Intouchables pour moi, juste à côté de Miyazaki, Hitchcock, Carpenter, et François Cluzet assisté par Omar Sy. Deal with it.

Donc un paragraphe plus tard, cette critique se cherche toujours une pertinence, parce qu'il n'y a rien à dire au sujet de ce film, et tout à y vivre. Et que, je l'espère pour vous, vous vous serez jeté(e)(s) dessus, davantage parce que l'idée d'aller voir un Takahata au cinéma vous fait le même effet que la vue d'une machine à écrire dans Resident Evil (ou pour nos amis musicophiles, la perspective d'une réédition vinyle d'un album "perdu" de Pink Floyd), et moins parce qu'un étranger total un peu trop grossier à votre goût en a dit du bien sur Internet.

Allez donc voir ce film, car je dois bien justifier quelques paragraphes histoire de laisser croire que je raconte des choses intéressantes dans cette critique. Esthétique singulière, minimaliste, mais reconnaissable entre mille. Des traits au fusain, au carbone, remplis de couleurs aquarelles. Des personnages s'animant merveilleusement dans des décors à moitié délités, c'est beau comme des étampes sauf qu'en plus ça bouge. Et même quand ça ne bouge pas on pourrait faire une capture d'écran de n'importe quelle scène, à n'importe quel moment, l'imprimer en grand format et vendre ça par caisses entières à prix d'or si on voulait. Bref si Miyazaki est le parangon de l'animation traditionnelle, Takahata c'est Jésus, Marilyn Monroe et les Beatles réunis à côté. Je sais ça ne fait aucun sens mais cette beauté esthétique m'a retourné le cerveau.

Au niveau de l'histoire, c'est très simple, mais moi j'aime, parce que ce n'est pas simpliste pour autant. Il y a juste ce qu'il faut là où il faut pour que les gamins y trouvent leur compte le soir avant d'aller dormir et que leurs parents ne soient pas considérés comme de grands niais. Il faut garder à l'esprit que le tout est adapté d'un conte traditionnel (avec une bonne mesure bien amenée de théâtralité sur la fin, qui est plutôt différente de celle de la fable ici), et reste donc plutôt sobre et classique. Tant mieux, à vrai dire je n'en n'attendais pas plus de la part d'un studio qui m'a appris à mettre de côté mes soucis en allant jouer de l'ocarina en haut d'un camphrier géant avec mon gros chat. Si je veux me faire violer la matière grise, il y a le Hollywood contemporain pour ça.

Ne vous attendez donc pas à sortir sur le cul de ce film, sur les jambes ce sera déjà bien moins embarrassant. Apprêtez-vous simplement à passer un bon moment en compagnie de personnages très expressifs (un grand soin à été apporté à Kaguya, forcément, on rit avec elle, on pleure avec elle, et je pense qu'elle rentrera sans problème dans ma liste des gamins super pipou au cinéma), de décors évocateurs et d'une histoire simple mais réussie desservie par des musiques composées par Dieu lui-même ; et de ressortir la truffe humide, parce que merde ce cinéma il est bourré de pollen quand même. Non, c'est une poussière dans mon oeil. Bref, si vous pouvez lire cette phrase c'est que vous êtes encore là et ça m'énerve parce que vous auriez pu consacrer votre temps à des choses bien plus utiles, comme aller voir le film par exemple. Takahata-San, je ne suis pas digne de votre immensité.

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le 26 juin 2014

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HarmonySly

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