かぐや姫
Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...
Par
le 16 juil. 2014
106 j'aime
10
Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
Isao Takahata ne cessera de nous surprendre. Ce très grand nom du dessin animé ne dessine pas, cela a favorisé l’extrême plasticité de sa filmographie. En effet, quoi de commun entre le trait rond et enfantin de Panda petit Panda, le réalisme déchirant du Tombeau des lucioles, la romance nostalgique d’Omoide poro poro ou les esquisses animées de Mes voisins les Yamada ?
Takahata adapte la plus ancienne légende japonaise (Xe siècle) : Un couple de paysans pauvres et âgés découvre un minuscule bébé à l’intérieur d’une tige de bambou. Ils décident d’élever ce don du ciel. Surnommé par les enfants du village « Pousse de bambou », le petit être grandit très rapidement, en taille et beauté. La découverte d’un trésor convainc le père que l’enfant doit être éduquée comme une princesse, dans un palais proche de celui de l’empereur. Elle sera la "Princesse Kaguya des bambous graciles". Sa réputation grandit, cinq princes se précipitent pour lui faire la cour…
Le style évoque le trait épuré, caricatural et simpliste des Yamada, mais dans une forme plus ambitieuse, associant dessin traditionnel et animation informatique. En deux coups de pinceau, soulignés par de douces aquarelles, une fleur s’épanouit, une sauterelle s’élance, des grenouilles traversent l’écran. Le dessin s’assume comme une ébauche, à nous, par un effort de volonté, de l’apprécier et de l’achever. Isao Takahata : « Ce qui nous intéressait pour ce film était de travailler un dessin qui s’assume comme dessin, qui se permette de dire : "Je suis une esquisse, une représentation rapide, portée par l’élan d’une chose réelle qu’il vous reste à percevoir, à imaginer, à trouver, à lire, à déchiffrer par-delà le dessin. Et également une chose à retrouver par rapport à votre propre mémoire." »
Le trait est d’une rare beauté, proche des plus fines estampes japonaises. Isao Takahata, encore : « Ce qui m’importait, c’était de montrer à quel point notre planète est merveilleuse, remarquable, extraordinaire. Il existe bien sûr sans doute très loin d’ici des corps célestes qui présentent des caractéristiques similaires, je ne sais pas. Mais en tout cas, il y a pour moi une beauté propre à notre monde qui découle de la diversité, de la vie végétale et animale qui existe sur Terre. C’est à l’intérieur de ce cadre que la vie humaine peut exister. » La jeune Kaguya ne cesse de s’émerveiller devant la beauté de la création. Elle accepte, avec réticence, de se soumettre aux exigences de son rang. Kaguya repousse, avec humour et intelligence, les plus beaux partis du royaume. Hélas, son geste suscite la convoitise de l’Empereur en personne. Elle résiste à une agression et, se faisant, cause sa perte. Elle a souhaité quitter cette vie et a été entendue.
La seconde partie est plus insolite, du moins pour nous autres, pauvres Occidentaux. Kaguya se découvre Lunienne : elle a été envoyée sur Terre en punition, pour avoir désiré découvrir cette planète interdite. Les Luniens nous estiment souillés par nos émotions, la tristesse, la joie, la peur... Sa famille va venir la chercher, elle regagnera son monde d’origine et oubliera tout de son passage parmi nous. Ses lames ne pourront rien changer. Elle embrasse ses parents et s’offre une virée à la campagne, quelques minutes ou quelques jours, le temps semble se dilater, au côté du jeune paysan Sutemaru, celui qu’elle aurait pu aimer… De fait, un fort surprenant Bouddha hiératique et son orchestre angélique viennent l’emporter sur leur nuage.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les plus belles claques esthétiques, Le meilleur de l'animation japonaise, en 44 films, 52 critiques de dessins animés, 61 films vus et critiqués en 2016 et 31 critiques d'animes ou découverte de l'animation japonaise
Créée
le 23 janv. 2016
Critique lue 556 fois
24 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Le Conte de la princesse Kaguya
Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...
Par
le 16 juil. 2014
106 j'aime
10
On ne le dira jamais assez, mais il existe une synergie avec les films GHIBLI. Une sorte d'osmose devant laquelle on peut tous rester ébahi sans l'avoir été pour les mêmes raisons, sans avoir été...
Par
le 29 juin 2014
86 j'aime
10
Le conte de la Princesse Kaguya est passionnant à plusieurs titres. Le plus évident est l'envoûtement visuel et auditif procuré tout au long de la séance. Première collaboration entre Takahata et...
Par
le 12 juin 2014
67 j'aime
44
Du même critique
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
le 14 oct. 2016
128 j'aime
31
Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...
le 20 nov. 2017
123 j'aime
14
J’avais sept ans. Mon père, ce géant au regard si doux, déposait une bande dessinée sur la table basse du salon. Il souriait. Papa parlait peu et riait moins encore. Or, dans la semaine qui suivit, à...
le 11 juin 2016
123 j'aime
30