Souvent présenté comme un nanar, Le Continent des hommes poissons ne sombre pourtant presque jamais dans le ridicule. En cela, il est nécessaire de le prendre au premier degré, ce qui n'est pas, bien évidemment, sans poser quelques soucis. Bénéficiant de paysages et de décors somptueux, difficile en effet de considérer qu’il s’agit là d’une série B totalement au rabais. L’histoire, si elle emprunte à différents sujets, tient la route de bout en bout, et le résultat semble toujours plutôt bien maîtrisé. Bien entendu, tout cela évoque terriblement L’Ile du docteur Moreau mais c’est franchement très honnête. L’aventure est au rendez-vous avec sale type mégalo, peuple indigène soumis et donc de vilains hommes-poissons qui terrorisent et dessoudent de l’humain. Si les costumes sont évidemment cheap, cela n’altère en rien le déroulement de l’histoire.
Le vrai point faible de l’ensemble, c’est le rythme mollasson du récit qui peine vraiment à multiplier les péripéties, une fois l’histoire posée. Pire, il se perd parfois dans des digressions inutiles qui, là, en revanche, le rendent parfois ridicules, à l’image de cette scène où Barbara Bach vient apporter un étrange breuvage aux hommes-poissons qui, on le voit bien, ne parviennent pas à le boire. Les dernières vingt minutes renouent avec une certaine efficacité même si le récit reprend les chemins de ses modèles. Éruption volcanique sur l’île, esclaves qui se révoltent, prisonniers qui s’affranchissent dans un final façon Jules Verne qui achève de rendre ces hommes-poissons plus sympathiques que terrifiants.
En somme, un petit film d’aventures de série, fait avec soin mais qui manque cruellement de souffle et d’originalité pour compenser ses faiblesses. Du bis, malgré tout, qui se regarde facilement cependant.