Gros coup de coeur pour ce western plus qu'atypique qui prendrait presque des allures de conte philosophique à travers l'histoire d'un homme en quête de sa vérité. Entre gros coup de coude à la religion et mythologie propre aux mountain man, ces personnages légendaires experts en survie, le film est incroyablement dense en thématique sans jamais tomber dans la démonstration littéraire qui pourrait le rendre pompeux. Richard C. Sarafian sait en effet rester ludique et se contente de narrer une histoire presque fantastique autour d'un homme laissé pour mort qui va effectuer une vraie réflexion sur sa vie en même temps qu'il s'éloignera petit à petit de la mort.

En plus d'être diablement sublimé par la photographie précise de Gerry Fisher qui s'approprie les lumières naturelles pour mettre en valeur de la plus belle des façon une nature magnifique, le convoi sauvage est d'une précision redoutable en ce qui concerne l'écriture de son protagoniste. Ainsi les différents flash back qui ont pour but de lui donner de la profondeur ne sont jamais trop démonstratifs et suffisent à lui donner le charisme nécessaire pour que l'on croit à ses capacités presque surnaturelles. L'homme est fort, son enfance, sa vie l'a doté d'un sens inné de la survie. En outre, le contraste apporté par toute la partie que les scénaristes développent autour de ses sentiments paternels permettent de nuancer le personnage pour finir de le rendre attachant. Pour ne rien gâcher, cet homme à la force animale est joué avec inspiration par un Richard Harris dont le physique se prête naturellement au rôle. Totalement investi dans sa performance, mutique et pourtant expressif, il parvient sans mal à insuffler le côté magnétique nécessaire à ce personnage auquel il donne vie.

La seule réserve que j'ai à propos du film concerne le second personnage phare de l'histoire, celui après lequel court notre héro, le capitaine Henry. Ce dernier est écrit avec un peu plus de légèreté, ce qui fait qu'on a un peu de mal à croire à sa croisade et son attachement au navire encombrant qu'il dirige. Heureusement, son importance est relative, il n'est finalement qu'un prétexte à la renaissance d'un homme dont l'esprit n'est pas en phase avec ses sentiments. Renaissance qui revêt par moment des allures de poésie fantastique. A travers une symbolique très forte, Sarafian donne en effet à son protagoniste une force hors norme, comme lors de cette somptueuse séquence, qui à mon sens résume la puissance dégagée par le mythique grizzly man, lors de laquelle il chasse des loups en train de dévorer leur proie pour s'y repaître à leur place. Séquence forte lors de laquelle le héros recouvre ses forces et peut commencer à concrétiser cette soif de vengeance qui l'a fait rester en vie.

Le convoi sauvage est une oeuvre hors norme, hypnotique et passionnante. Soignée à tous les niveaux, script efficace, mise en scène maîtrisée, photographie magistrale et bande son enchanteresse, tout est de la partie pour faire de vous des aimants qui resteront collés à leur écran jusqu'à l'apparition du générique final. Un beau voyage, fortement dépaysant.
oso
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le 24 mars 2014

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oso

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