Les premières secondes du "convoi sauvage" ("Man into wilderness" in the text), sont explicites. Tout de suite, on sait qu'il ne s'agira pas d'un western classique, par l'époque et le contexte.
1820, des trappeurs qui tentent de rejoindre un rivière en portant/poussant un bateau sur des roues de chariot...le tout tiré d'une histoire vraie. On est beaucoup plus proche des récits de voyage du 19ème (notamment les récit de conquête des pôles, habitués de ce genre de périple fou) pour le versant historique et Fitzcaraldo (voir Aguirre) pour le côté cinéma.

Sur ces TRÈS bonnes bases, le récit va emprunter un chemin réaliste en mode "survival", sur fond de vengeance improbable et empathie indienne (juste ce qu'il faut) et ne déviera jamais de cette ligne proche de l'excellence.

Car ce que nous propose Richard Sarafian (auteur du très bon "vanishing point" la même année), c'est quand même un peu plus qu'un film moitié survival / moitié voyage vers la mort.

Cette expédition est menée par un capitaine qui sait qu'il dirige là sa dernière équipée. Ce qui va le mener à aller jusqu'au bout de ses convictions, même si cela doit emmener ses hommes à leurs pertes. Et quand son meilleur chasseur/ pisteur rencontre un grizzli (de plein fouet), un pulsion mortifère le pousse à le laisser pour mort sur le bord de la rivière, tout en reconnaissant rapidement qu'il s'agissait "du seul homme qu'il ait jamais respecté" sans parler de son importance pour la survie de l'expédition.

Et quel homme ! Zachary Bass (Richard Harris, méconnaissable et beau comme tout dans la première partie du film. Quand il est balafré, c'est pas dur on dirait Viggo Mortenssen) est un homme qui ne se satisfait jamais de son sort, qui fût cruel depuis le début de son existence. Mais sa raison d'être EST la résistance. Résistance à dieu (un homme qui brûle des pages de la bible pour se réchauffer ne peut pas être un homme mauvais) résistance aux hommes (le capitaine admet n'être jamais parvenu à "entrer" dans son intimité) et résistance aux institutions. C'est cette force, superbement mise en image par de courts et très réussis flash-backs, qui va l'aider à survivre dans les pires conditions, dont peu nous seront épargnées.

Les relations avec les indiens sont sobres et magnifiquement amenées (pas de pathos, pas de facilités, pas de raccourcis). Le capitaine Henry est superbement campé par un John Huston acteur dont la silhouette à chapeau haut de forme sert parfaitement l'iconographie du film, de même que le reste des trappeurs, tous aussi bien choisis les uns que les autres.
(A noter, l'actrice incarnant la femme de Zachary dans un des flash-back, se prénomme à la ville Prunella. Splendide).

Les images du bateau traversant les étendues enneigées sont splendides, on sent les difficultés de tournages baignant chaque plan (ah ! la bataille finale dans la boue glacée) mais servant le propos réaliste de l'ensemble.

Une superbe réussite heureusement exhumée par l'équipe WIld-Side.
Richard Sarafian s'est plaint que la Warner ait, en 1973, préféré mettre en avant Jeremiah Johnson de son ami Pollack, portant sur un sujet très similaire.
Je vais donc très vite me jeter sur le deuxième film du coffret, "le fantôme de cat dancing" (mais avec Burt Reynolds).

(PS: quelqu'un aurait-il vu Loly-Madonna XXX, du même réalisateur, datant de 1973 ? Le titre a éveillé ma curiosité...Steiger, Bridges...Bigre !)

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le 6 août 2011

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guyness

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