Amateur de Edgar Alan Poe, vous pouvez regarder ou passer votre chemin: la nouvelle n'est qu'un prétexte. Bien sûr, ce doux point de départ vous permettra d'entendre Poe déclamé par Vincent Price pendant les premières secondes, et c'est déjà une source de plaisir.
Amateurs de films d'horreur ou angoissant, vous pouvez regarder ou passer votre chemin: le film n'en emprunte que les décors. D'ailleurs vous noterez cette chose fun: les intérieurs du château du docteur Erasmus Craven (Vincent Priiiice) sont RIGOUREUSEMENT les mêmes que ceux employés un an plus tôt pour "la chambre des tortures". On se sent en terrain connu. Ça tient chaud.
Amateurs de Roger Corman, vous pouvez regarder ou passer votre chemin: les premières images de liquides colorés se mélangeant sont eux aussi identiques au film de l'année précédente. On le sait, le réalisateur a toujours tourné vite et avec peu de moyen. On en a la preuve.
Amateurs de Jack Nicholson, vous pouvez regarder ou passer votre chemin: il est très jeune mais ce ne sont pas vraiment ses grands débuts. Mais c'est sacrément rigolo de le voir faire ses armes aux côtés de ces vieux cabotins aguerris que sont Vincent Price (donc), Peter Lorre, et Boris Karloff.
Une amitié se noue alors entre lui et Corman qui va lui permettre de proposer un scénario que bientôt Corman mettra en scène: ce sera "the trip" en 1967 (très bonnes critiques sur SC).
Amateurs de comédies, enfin, vous DEVEZ regarder ce film.
Aborder ce corbeau sous tout autre angle serait une hérésie. Ce film est drôle. Le tout premier plan donne le ton: quand le docteur Craven évoque sa femme morte (un grand classique "Pricesque") il hurle de terreur quant sa fille lui pose sa main sur l'épaule. Et la suite est à l'avenant: un longue-vue qui encombre systématiquement le passage, un Dr. Bedlo plus félon et sans scrupules que quiconque, une bien-aimée disparue qui s'avère être une femme volage... plus une foule de petites détails irrésistibles, comme de posément plier un drap avant de le jeter derrière soi pendant une conversation.
Le tout se concluant en un duel de magiciens qui donne une claire indication sur les sources d'inspiration d'une certaines J.K. Rowling.
Bref, un petit régal de cabotins, à ranger, -et je sais que je vais faire hurler mon monde- entre le bal des vampires et Frankenstein junior.