Connu avant tout pour ses films d'actions brutaux et musclés, Michael Winner était pourtant aussi capable d'être un fin psychologue, comme en témoigne ce sublime « Corrupteur », réflexion terrifiante et bouleversante sur la Naissance du Mal. Ou comment un jeu, certes dangereux, mais pas mortel, peut amener à faire commettre les pires actes, non par soi-même, mais par les autres. Sexe, perversité (les deux vont souvent ensemble), mort, souffrance : tout ces sujets sont traités ici avec un brio impressionnant, l'esprit d'Henry James (les personnages du film sont empruntés à ses romans) semblant être à chaque plan, chaque dialogue. Le tout est qui plus est plongé dans une sorte d'onirisme complètement contradictoire avec ce qu'il raconte, mais qui ne fait en définitive que confirmer quasiment l'univers parallèle dans lequel vivent les enfants de l'oeuvre, n'arrivant plus un seul instant à distinguer le fantasme de la réalité, le Bien du Mal, le jeu du réel... Dans cet univers si glaçant, la prestation bizarre de Marlon Brando et la beauté incandescente de Stephanie Beacham ne font qu'accroître le plaisir et le vertige d'un spectateur décidément peu habitué à voir quelque chose d'aussi audacieux et violent (autant physiquement que psychologiquement) sur un écran de cinéma. En tout cas, une chose est sûre : l'image de l' « enfant innocent » en prend un sacré coup... Inoubliable.