Gérard Oury /1980. "Le coup du parapluie" se situe entre "la carapate" et "l'as des as". C'est le début du déclin de la carrière de Oury.
Mais cette comédie possède quelques attraits en terme de comique. Le scénario du film est l'histoire d'un comédien plutôt minable qui va à un rendez-vous pour un rôle d'un tueur dans un film comique. Mais suite à un quiproquo il se fait embaucher comme vrai tueur à gages par la Mafia.
Le ressort comique sera qu'au final on aura bien un acteur qui joue un rôle de tueur dans un film comique... sans qu'il se rende compte bien entendu qu'il est pris par tout le monde (ou presque) pour un vrai tueur.
Sans parler de sujet de réflexion (faut pas pousser Mémé dans les orties, tout de même), il est assez amusant de voir combien les rôles que jouent les acteurs peuvent s'approcher et même dépasser les rôles de la vraie vie. Tout n'est qu'illusion.
Le rôle du vrai tueur (Gordon Mitchell) est une caricature du vrai tueur à gages. Tout juste bonne pour servir dans une comédie qui nécessite que le spectateur reconnaisse à la gueule le rôle du tueur. Car tout le monde sait bien qu'on ne peut pas savoir si un homme quelconque dans la foule est un vrai tueur. Par contre un faux tueur à gages qui ressemble à un homme quelconque (Pierre Richard) peut passer pour un vrai tueur à gages (qui s'est déguisé).
Il en est de même du rôle de la policière de la DST (Valérie Mairesse) qui ne ressemble pas, avec son panier, bouteille d'eau et sa gouaille limite vulgaire, à une vraie policière. Elle retrouvera son rôle de policière devant un Pierre Richard éberlué qui pensait s'être affranchi avec cette femme des "pervenches" qui le traquent constamment sur ordre de son auguste épouse ou maîtresse officielle (Christine Murillo), vraie policière, elle, aux yeux de Pierre Richard).
De plus dans le film il y a de bons gags distillés à bon escient servis par une musique adaptée (style James Bond quand il s'agit du déplacement d'un tueur vrai ou faux ou au contraire musique romantique lorsque c'est nécessaire). Un gag silencieux que j'aime bienc'est celui du petit dernier de Dominique Lavanant, la très pince sans rire épouse de Gérard Jugnot, qui ressemble étonnamment à Pierre Richard ...
Et puis, il y a surtout Gert Froebe, acteur, spécialisé dans les seconds rôles, mais qui a une présence extraordinaire dans les films. Ici il a un rôle un peu parodique du trafiquant ou marchand d'armes, cible des tueurs. Son rôle dans la fête face au gâteau d'anniversaire surmonté d'une baleine ou son imitation de baleine dans la piscine sont vraiment rigolos.
Il sait toujours bien utiliser son physique "avantageux" avec son accent teuton à couper au couteau quelque soit la tonalité du film entre le rôle de vrai méchant dans "Goldfinger" ou de truand dans "du riffifi à Paname" ou encore du Général Von Choltitz dans "Paris brûle-t-il". Sa présence dans un casting donne toujours un cachet supplémentaire au film.
Quant à Pierre Richard, il faut bien avouer que le film est un peu taillé sur mesure pour lui avec un certain nombre de clins d'oeil à d'autres rôles dans d'autres comédies.
Parmi le casting, j'ai envie de citer aussi un acteur que j'aime bien trouver, c'est Tiberio Murgia qui joue ici un petit rôle de chauffeur/assistant du mafioso car il a souvent des rôles très sérieux qu'il traite avec un visible second degré. Lui aussi, sa présence dans un casting apporte toujours un petit plus.
La mise en scène de Oury est assez efficace notamment dans le quiproquo du début entre les différents tueurs vrais et faux mais surtout dans la fiesta à tout casser chez Gert Froebe avec l'orchestre de Charleston, les nanas en tenue "années folles" et le poisson farci qui file dans la piscine. Il y a aussi plusieurs intelligent clins d'oeil cinématographiques dont le duel au parapluie entre le vrai et le faux tueur alors que la télé passe un duel avec Jean Marais dans "le Capitan".
Au final, "le coup du parapluie" est une comédie divertissante et plaisante dont le comique résiste pas si mal que ça au temps.