J'ai peut-être qu'un bras, mais je suis pas manchot !
Le courrier de l'or est un western dont beaucoup de monde en a déjà vu un extrait mais sans savoir de quoi il s'agit ; c'est le film que vont voir les personnages de Belmondo et Seberg dans un cinéma dans A bout de souffle. Le film de Boetticher était sorti en salles au moment du tournage du film de Godard.
Ceci étant dit, parlons du film, sixième collaboration (sur sept) entre Budd Boetticher et Randolph Scott, son acteur principal (aussi producteur), et encore une fois, c'est un modèle d'efficacité. Sur un peu plus d'une heure, on assiste à la confrontation entre deux officiers, sous fond d'or à convoyer (ou défendre), et dont la femme de l'un fut aimé par l'autre autrefois.
Je suis admiratif du style Boetticher, qui ne se préoccupe pas du gras, et qui en une heure, présente tous les personnages, leur donne une existence, et ne les présente pas de manière manichéenne, ce qui est souvent le cas du Western. Ainsi, le personnage interprété par Randolph Scott va se prendre d'affection pour Rodd Miller, un soldat revenu de la guerre, et qui aura été amputé de son bras gauche, ce qui lui vaudra des quolibets comme quoi il est désormais un sous-homme. Interprété de très belle manière par Michael Dante, on voit que c'est un personnage qui souffre de sa condition d'infirme, et qui n'arrive plus à prendre un fusil d'un seul bras.
C'est cette humanité-là qui parcourt le film, avec le personnage de Virginia Mayo, qui joue l'amour du personnage de Randolph Scott, qui se bat contre son mari afin qu'il la considère autrement.
Boetticher est un réalisateur admiré de Quentin Tarantino, et c'est un modèle pour Clint Eastwood, dont il essaiera de mettre en pratique ce qui est si fort chez ce réalisateur ; l'efficacité.
C'est un des films où on en voudrait plus, mais de par sa production (tourné en 3 semaines) de série B, mais aux talents de catégorie A, Le courrier de l'or est une réussite dans le genre du Western et un film méconnu.
Pour l'anecdote, c'est un des films qu'on voit dans La classe américaine, comme en atteste le titre de ma critique.