"Et si ... ?"
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le 4 juin 2023
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Noémie, scénariste à succès est invitée à mener une Master class à l'ENSAV (Ecole nationale supérieure de l'audio-visuelle) sise dans la belle ville de Toulouse la rose.
Il se trouve que le directeur de l'école, responsable de l'invitation, n'est autre que Vincent son amour de jeunesse qu'elle a jadis abandonné pour suivre un réalisateur italien. Au cours de cette journée éducative entrecoupée de moments de pause, Vincent et Noémie vont partager une pause clope, un repas, une autre pause clope, évoquer les souvenirs mais aussi le présent, l'avenir, entre regrets évidents et reproches à peine dissimulés.
Je n'irai pas par quatre chemins, j'ai trouvé ce film raté, ennuyeux, péremptoire et pis que tout j'ai trouvé qu'il sonnait étrangement faux et vide, ou creux (c'est pareil ou pas ?). La faute sans doute à une direction d'acteurs assez déplorable concernant les jeunes gens très présents dans le film. Mais aussi à des situations qui se veulent réalistes et sonnent faux, des dialogues d'une grande banalité énoncés pour ratisser large et témoigner de plusieurs tendances, directions ou choix de vie. J'entends par là que chaque étudiant, une poignée au départ, contraint et forcé d'assister à ce cours ont tous une particularité la plupart du temps liée à sa sexualité. Comme si on ne se définissait que par rapport à la personne avec qui on couche ou à son apparence, son genre ou son non genre. Je n'ai peut-être rien compris mais j'ai trouvé cela plutôt à côté de la plaque, voire complètement arriéré. Chaque intervention de ces étudiants stéréotypés ne dépassera donc jamais la problématique, le nombril de leur préoccupation (si tant est qu'une préoccupation ait un nombril). Nous avons donc l'hétéro basique, le séducteur, le couple homo (qui ne cessera de se lécher le museau et restera enlacé pendant toute la durée de la master class, on y croit), le couple hétéro de longue date qui veut s'essayer au triolisme pour éprouver son amour, mais coucher avec un garçon quand on est un garçon, est-ce être gay ? (je rappelle que ces personnes sont au moins en licence donc ont plus de 21 ans), la bimbo qui préfère qu'on regarde son cul plutôt que rien, la non-genrée qui préfère qu'on ne regarde rien plutôt que son cul... et puis l'agressif, le pas d'accord, l'intello et j'en passe ! Et tout ce petit monde finit bouleversifié quand Noémie lui demande de fermer les yeux puis évoque son défunt frère, ce qu'elle n'avait JAMAIS pu faire avant (ça fait 25 ans que le garçon est mort). La master-class de la scénariste se transforme en thérapie. Sans parler de toutes les allusions bien lourdes à l'adresse de Vincent concernant ce qui s'est passé il y a 25 ans. Ok, le/la scénariste ne peut dissocier sa vie privée de son oeuvre. Comme c'est émouvant !
Je pensais en apprendre un peu beaucoup sur le métier de scénariste, artisan solitaire qui reste souvent dans l'ombre sauf exception (#Agnès/Jean-Pierre) même si le film est une réussite et un succès. Celui ou celle dont on parle peu, dont on ne se souvient pas et qui tient pourtant les clés des histoires qui nous font vibrer. Je suis tombée de ma chaise quand j'ai appris qu'un scénariste devait avant tout observer ce qui se passe autour de lui, absorber les comportements de son entourage connu et inconnu et aussi se livrer à une véritable introspection personnelle. Et bien merci docteur combien je vous dois ? Franchement, le cours se résume à dire qu'il faut observer, interpréter la réalité, aimer son personnage et davantage ses défauts s'il vous plaît. Merci. Non mais franchement, ce chapelets de platitudes m'a rapidement lassée voire agacée. Et pourtant, l'intervention de Noémie fait rapidement le buzzzzz sur les internets et l'amphi au début très clairsemé se remplit d'un parterre d'afficionados en transe et en pâmoison.
Toutes les grosses ficelles se déroulent devant nos yeux ébahis. Les étudiants récitent les répliques associées à leur genre et posent leurs questions qui tournent essentiellement autour de leur petite personne pas encore bien (dé)finie. Cela manque totalement de spontanéité.
Côté réalisation. Cela ressemble à un devoir de fin d'études. Et puisque la master-class est filmée par trois caméras, le réalisateur propose des effets de zoom et de travelling arrière (c'est ça le contraire de zoom ?) bien moches et ridicules comme si le film n'était pas encore bien monté.
Le film est UN PEU plus touchant lorsque Vincent et Noémie se retrouvent seuls. Et c'est selon moi Jonathan Zaccaï qui emporte le morceau de l'émotion. Tout en fragilité, il est vraiment désarmant face à toutes ces femmes tellement fortes autour de lui et notamment sa fille, une épouvantable gamine qu'on a envie de prendre entre quatre z'yeux pour lui expliquer la vie et la politesse. Géraldine Nakache dans un rôle complètement bâclé et inutile parvient à être formidable. On a envie de dire aux réalisateurs de se précipiter sur cette merveilleuse actrice.
Je comprends que ce personnage de Noémie revienne à Agnès Jaoui qui est responsable de quelques chefs-d'oeuvre scénaristiques et j'avais sans doute quelques attentes de la part de cette femme admirable. Mais j'ai été bien déçue car son jeu d'actrice ne me convainc pas. Son phrasé surtout est assez insupportable. Jamais une phrase ne se termine sans une hésitation, elle tâtonne, hésite, bégaie, ses sourires me paraissent forcés et elle finit complètement échevelée comme si elle avait couru le marathon. Etrangement et sans doute à cause d'elle, l'ombre, le fantôme de notre cher Jean-Pierre Bacri plane sur ce film bancal et il me haïrait que je dise cela de sa bien-aimée. Mais le fait est là, il est pas bien ce film.
La musique parfois lyrique est de Vladimir Cosma ainsi que la sonnerie du téléphone d'Agnès/Noémie. J'avais assisté à une master class passionnante suivie d'un concert il y a quelques années. Hélas le vieux monsieur s'est fendue d'une malheureuse intervention des plus sexiste et phallocrate ces derniers temps que j'ai du mal à oublier...
Créée
le 18 mai 2023
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