Darius est un auteur à succès mais il est tellement défoncé à l'acool qu'il s'engage sur un contrat qu'il oubli d'écrire. Alors que l'échéance arrive (en même temps que la fin de sa cure de désintox) il décide de se mettre à écrire, en vain. Un matin, pourtant, il se réveille et découvre des pages entières écrites sur son ordinateur... et si ce chat qu'il avait tué accidentellement la veille l'avait inspiré ?

Seconde réalisation d'Albert Dupontel après le surprenant Bernie, Le Créateur est à nouveau un cocktail mêlant l'absurde à la méchanceté avec une jubilation non dissimulée. Moins trash que sa précédente révélation, le film n'en est pas moins amoral et grinçant.Si Darius est un impuissant trouvant un exutoire dans la mort il est loin d'être le seul fou de cette histoire.
Claude Pérron campe Chloé Duval, une actrice obsédée par la notoriété que lui apportera la pièce, tellement obsédée qu'elle va appuyer et alimenter la folie de Darius pour le pousser à écrire. Un personnage venimeux que l'actrice prend un malin plaisir à incarner.
Le film oscille entre coups de pute sournois, folie meurtrière et hallucinations déjantée.
Dupontel ne respecte rien, ni personne et l'assume jusqu'au bout. Tout le monde y passe : animaux, vieux, famille, voisins, bretons...

Dupontel prend ses situations et les poussent jusqu'à l'absurde le plus total et faisant fi des usages. Le film est porté par un vrai vent de liberté, rafraîchissant et drôle. On parle beaucoup de la géniale scène de la crêperie "Kenavo les bouseux !" mais le film est rempli de moments délirants de même nature. On pourra par exemple citer les répétitions qui virent au grotesque lorsque l'on prête attention au pitoyable texte de Darius. Il y a la scène du digicode, simplement magique ("Quand on change le code, on prévient !") et il y a également Jésus Christ qui fout des coups de boules ! Blasphème ? Oui, mais qu'est ce que c'est drôle !
La présence de Terry Jones dans le rôle de dieu (quelle idée de génie) n'est d'ailleurs pas qu'un clin d'oeil anodin mais traduit bien le processus créatif de Dupontel. L'admiration que porte Dupontel aux Monty Python est palpable car même si le ton se veut plus agressif on retrouve cet humour noir décalé et ce jeu avec les conventions.

L'influence des joyeux drilles anglais ne s'arrêtent pas qu'à l'écriture puisque l'ombre de Terry Gilliam plane aussi sur la réalisation du film. Jeu avec les perspectives, utilisation du grand angle, décors baroques, plans étranges, montage dynamique, etc... Dupontel a bien appris sa leçon car son film semble contaminé par la même folie que son personnage. Un aspect frénétique pas toujours maitrisé mais profondément jubilatoire.
On soulignera aussi une lumière très soignée avec ses contrastes forts et ses belles couleurs..
Si le film se tasse un peu au milieu il possède suffisamment de folie, de vitalité, de mauvais esprit pour rester agréable tout du loin. Forcément les gens qui ne supportent pas l'humour noir risquent d'être désagréablement surpris.

Hargneux, inventif, délirant... voilà en tout cas un film qui ne ressemble qu'à lui même et qui n'a pas peur de s'assumer, ça tombe bien puisqu'il est réussi.
Vnr-Herzog
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le 3 mai 2011

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