Je ne m'encombre pas d'un rappel du synopsis ici et vais à l'essentiel :
Le cri du sorcier possède comme qualité première son ambiance.
Sorte de transe dérangé et dérangeante, le film nous plonge aisément dans son atmosphère particulière.
Servi par des acteurs parvenant à faire vivre ces personnages au delà d'eux-mêmes, en particulier Crossley dont l'aura inquiète autant qu'elle fascine, le cri du sorcier est un film atypique.
Un film qui flirte avec la folie
A travers une intro qui pose le cadre pour mieux le déconstruire par la suite, , laissant le spectateur sur une impression de récit flou, antithèse des personnages très ancrés dans la réalité de leur partie de cricket.
Et des pertes de repères, la mise en scène s'en fait une joie...
D'abord, le quotidien est installé puis progressivement, l'aura du personnage de Crossley prend de la place, de plus en plus, si bien que l'on est en droit de se questionner sur l'étendue de ses pouvoirs.
Et puis, le film s'avère plus organique, sensoriel avec un travail du son qui se veut isoler certains bruits aux dépits d'autre tel le personnage d'Anthony qui enregistre le bourdonnement paniqué
d'une abeille...
Et là, j'ai eu l'étrange sensation d'un basculement, comme si le film lui-même faisait les frais des pouvoirs de Mr Crossley.
Malheureusement, cette sensation s'est rapidement transformé en reproche envers le film qui m'a laissé, de fait, relativement en dehors durant le reste de son récit.
De plus, s'il est indéniablement marqué par une originalité certaine, il n'en demeure pas moins traversé par une sorte de mélancolie pesante qui m'a semblé excellemment bien rendue, qu'elle soit volontaire ou non.
Le réel problème que j'ai avec ce film c'est que l'on ne comprend jamais vraiment où il veut en venir ni s'il parvient à y venir.
A l'image d'une fin douce-amère, le cri du sorcier, l'œuvre est comme hors du temps, véritable capsule de mélancolie étrange et étrangère...
Le cri du sorcier, en tant que tel est (d)étonnant, transperçant et bouscule le film qui ne sera plus comme avant à partir de ce fatidique cri...
Mais, mais...
Dans la mesure où les règles qui régissent les pouvoirs de Crossley sont floues, volontairement expédiées quand leur explication n'est pas avortée, j'ai fini par être perdu...
Perdu comme l'est le personnage d'Anthony qui voit son monde structuré par le quotidien et le banal chamboulé, défiguré, à tel point qu'il ne réagit même plus quand l'homme qui le terrorise progressivement lui ravît sa femme.
Peut-être était-ce cette démarche que visait Skolimowski ?
Pour ma part, j'ai fini par trouver le long-métrage assez chiant...
Mais pas dénué d'un certain charme, essentiellement dû à cette ambiance que j'évoquais plus haut.
Reste à savoir si tout le film n'est pas un trip halluciné parlant de la folie, des personnages certes, mais dans son ensemble également...
Ce film m'intrigue.
Il m'intrigue car le tout est réfléchis, c'est une certitude : la musique, la performance des acteurs, la narration alternant passé et présent...
Réfléchis pour perturber le spectateur pour le prendre par la main et le sortir de sa zone de confort pour lentement mais surement, en créer une nouvelle avec lui.
Tout est réfléchi donc pour déranger, pour hypnotiser, pour Jerzy Skolimowskiser le spectateur...
7,sens en éveil/10