Parmi les remakes ou reboots sortis jusqu'à aujourd'hui ou qui verront le jour, ce projet cinématographique avait un but bien précis à atteindre : Faire découvrir un des piliers de la littérature britannique à notre génération, en réalisant une nouvelle adaptation cinématographique avec la norme visuelle appliquée dans les films de nos jours. Il était bien évident que cette réalisation n’allait certainement pas surpasser la mémorable version de Sidney Lumet mais avec l’artiste chevronné réalisateur et acteur Kenneth Branagh aux commandes, on était sûr d’obtenir un résultat satisfaisant et acceptable.
Je n’ai pas vu tous les longs-métrages réalisés par ce professionnel mais généralement, j’ai toujours été très admiratif de ses travaux très soignés et plus ou moins éminents. Systématiquement, il a fait plus ou moins preuve d’ingéniosité et de doigté dans n’importe quel genre de films tels que sa version de Frankenstein pour le fantastique, Beaucoup de bruit pour rien pour la comédie romantique ou même The Ryan Initiative pour le genre thriller/espionnage.
Je n’ai pas douté de lui, je savais qu’il serait capable de faire des merveilles en s’attaquant à l’adaptation d’un des romans les plus connus de la célèbre écrivaine britannique Agatha Christie. Il avait pas mal d’obstacles à surmonter comme celui de réaliser un remake respectable, sans casser au passage le mythe qui est repris. Pour ma part, je trouve qu’il a bien fait les choses même s’il y a quelques scènes légèrement impropres à l'univers du roman comme la bagarre dans le bar ou les déplacements des personnages hors du train mais ça, ce ne sont que des broutilles.
Parmi les objectifs que je viens de mentionner, il en avait encore un autre à atteindre, celui de nous faire redécouvrir le fameux et grand détective belge. Pour cela, le scénariste a opté d’intégrer dans le scénario une introduction tout simple et efficiente pour nous présenter ce fameux détective, lors d'une enquête brève sur le vol d'une relique inestimable, en trouvant le moyen d'insérer dans le discours éclairé du détective cette fameuse réplique "Je suis belge".
C’est une opération scénaristique qui marche comme sur des roulettes, donnant un certain intérêt de découvrir encore plus notre héros lors de l’enquête confuse et problématique du crime perpétré dans l’Orient-Express. Assumant la double casquette de réalisateur et d'acteur principal, Kenneth Branagh incarne le détective belge avec efficacité et charisme, il développe avec sagesse la personnalité forte et sûre de l’inspecteur qui ne se laisser pas marcher sur les pieds.
Il y a juste sa moustache qui m’a un peu gêné, je l’ai trouvé un peu trop envahissante à mon goût, l’acteur Albert Finney ne l’avait pas aussi large dans la version Lumet. Le reste du casting est tout à fait conforme à mes attentes, on a un bon lot de stars populaires comme Michelle Pfeiffer, Judi Dench, Willem Dafoe et également un Johnny Depp qui a un certain style très convaincant pour camper le mec douteux et incertain. Nous avons donc un casting qui anime à la perfection un spectacle distrayant et truculent, avec des scènes de dialogue très bien menées dans l’ensemble, démontrant que chaque personnage est une pièce de puzzle à étudier avec la plus grande des minuties.
On note que le scénariste a pris quelques libertés pour rendre son film un ton plus vivant et plus débordant que la version Lumet en ajoutant quelques conflits personnels dans certaines scènes, histoire d’intensifier quelques scènes de temps en temps et de ne pas engendrer la monotonie. Le genre policier est bien respecté, ainsi que l’univers de l'écrivaine. On a une certaine impression de voir un long-métrage classique mais structuré comme un film de nos jours, avec une richesse des décors absolument fabuleux à voir. J’ai notamment apprécié le message philosophique qui en sort à la fin de ce long-métrage, ça personnifie Hercule Poirot en lui donnant un aspect très humain tout en conservant son statut de détective aguerri.
Le réalisateur a su construire son film avec une mise en scène adroite, tout en l’alimentant par une pression accrocheuse et qui s’intensifie de plus en plus pendant le visionnage, avec une révélation finale très émotive et assez contradictoire par rapport à celle des films dits policiers. Contrairement à pas mal de ses semblables, Kenneth Branagh n’a rien voulu faire d’explosif, ni d’abusif, il a juste adapté un roman en gardant une certaine base scénaristique totalement approuvable, tout en cherchant la satisfaction d’un public habitué à visionner des blockbusters débridés, en insérant pas mal de subtilités qui accroissent l'intérêt pour découvrir ce remake bien étudié de A à Z.
On dirait une vieille blague, celle du rabbin, du prêtre et de l'imam...Veuillez m’excuser, je suis belge !