Je vais sans doute me répéter une fois de plus, dans ce préambule tout bonnement rébarbatif, mais quand même : j’avais grande hâte de pouvoir me plonger dans ce film. Mon expérience vis-à-vis de Kenneth Branagh l’acteur, remonte à peine à six mois et déjà, je trouvais plaisante l’idée de le retrouver aussi tôt. La bande annonce n’avais en rien dévoilée les différents aspects du personnage qu’il devait interpréter et ce faisant, j’attendais beaucoup de sa prestation. De Kenneth Branagh le réalisateur, je n’avais plus eu de nouvelle depuis 2010, et son travail pour l’écurie Marvel, où il avait accompli un travail somme tout remarquable. Je ne m’étais pas vraiment penché avant aujourd’hui sur ses différents précédents travaux… peut-être l’aurais-je dû… Enfin, d’Agatha Christie l’écrivaine, mon expérience remonte à un peu moins de dix ans et la fin de mes années collège, où je me plongeai justement dans l’œuvre originale dont est issue l’adaptation du jour. Je connaissais donc déjà la fin de l’histoire, ce final si connu qu’il nous est impossible de l’oublier, ou de passer outre. Fort heureusement pour nous, Branagh avait anticipé ce menu détail. Mais cela, nous en parlerons plus tard. Mesdames et messieurs, laissez moi vous présenter une des adaptations de romans les plus géniale de ces dernières années : Le Crime de l'Orient-Express !


Si tant est que jamais le nom d’Agatha Christie n’évoque en vous un quelconque souvenir, laissez moi vous rafraichir la mémoire : Hercule Poirot, détective Belge de renom, se trouve en vacances à Istanbul, lorsqu’un télégramme de Londres lui parviendra, le pressant de rentrer en Angleterre, pour la résolution d’une enquête précédemment débutée. Il empruntera alors l’Orient-Express, un train traversant l’Europe en direction de Calais, à bord duquel il fera la rencontre de M. Ratchett, américain fortuné… Qui se fera assassiner au milieu de la nuit. Et voilà donc notre détective, chargé d’une enquête un brin mystérieuse, ou chaque passager se trouve être suspect ; le début d’une intrigue connue et reconnu, que je ne devrais même pas avoir à présenter !


Branagh le réalisateur signe ici un travail remarquable et pour le moins inattendu : ce qui s’annonçait comme un petit projet d’adapter une grande œuvre, s’est muée en un gigantesque spectacle à la fidélité sans égale ! Moi qui pensais assister à un projet de moindre envergure, on peut dire que j’ai été surpris ! Le réalisateur s’amuse, accompagné d’une direction artistique brillante, lui permettant de nombreux tours de passe-passe pour filmer les compartiments étriqués de ce train, dans lequel se déroulera la très grande partie de l’intrigue : filmés du dessus, ou depuis l’extérieur du wagon, tout est permis pour prendre du recul, et ainsi mieux sublimer les scènes nécessitant une proximité exacerbée. Il n’est rien que l’on puisse reprocher sur ce plans-là, tant le travail est impeccable.


Mais évidemment, l’Orient-Express n’est rien sans ses personnages, de Poirot à Masterman, en passant par Miss Debenham et les autres. Et sur ce point-là, je vais commencer comme suit : Kenneth Branagh l’acteur, s’en sort encore mieux que de l’autre coté de la caméra. C’est fou, totalement génial et prodigieux, comme il réussit sans peine à être le personnage d’Hercule Poirot ! Je ne m’attendais pas à une telle performance, une telle fusion entre l’acteur et celui qu’il incarne. Il faut très peu de temps, à la première scène de l’œuvre, pour que la magie opère et que l’on ne voit plus du tout l’acteur, mais bien le légendaire détective de renom. Et pendant tout le long de l’intrigue, jamais il ne trahira ces éloges : du début à la fin, la prestation de Branagh restera pour moi le plus grand point fort de cette œuvre, pourtant déjà rondement menée par son réalisateur… Et le reste de son casting. Car avoir un protagoniste de suffit pas pour recréer véritablement l’Orient-Express. Encore faut-il avoir ses passagers. Et là encore, une ribambelle de noms, tous plus connus et reconnues les uns que les autres, vont se succéder pour offrir un spectacle à nul autre pareil. Penélope Cruz, Judi Dench, Michelle Pfeiffer, Daisy Ridley, Willem Dafoe ou encore Johnny Depp, tous venu d’horizons différents, ils formeront cette masse hétéroclite que se doit d’être l’ensemble des passagers, protagonistes au même titre que notre détective. Tous auront leur histoire. Pour certain, elle sera plus fournie que d’autre, mais tous auront leur moment, leurs instants, où les acteurs s’éclipses pour devenir Natalia Dragomiroff, Antonio Foscarelli, Greta Ohlsson, ou encore Hector MacQueen. Tous seront utile au dénouement de l’intrigue, ce fil narrateur qui guide toute l’œuvre vers son pinacle, sa fameuse apogée, durant laquelle tout les indices s’emboiteront pour révéler la seule et unique vérité.


Le scénario ne souffle d’aucune faiblesse ou presque. L’enchaînement des situations se fait naturellement, avec quelques légères longueurs, mais bien souvent peu préjudiciables à l’œuvre. La fin notamment, une fois le dénouement passé, prend son temps pour clore l’histoire, en essayant de ne pas le faire trop vite. Ce faisant, elle prend un peu trop son temps à la place. Rien de grave encore une fois, mais d’autres dans le public ne semblaient pas avoir la même patience que la mienne… Le film évite de sauter les étapes, et choisis avec minutie le moment où il présentera un nouveau personnage. Le début du film, avant que ne démarre le train, prend son temps, de manière à ce que par la suite, le spectateur évite d’être perdu face à un protagoniste dont il aurait oublié le nom ou la fonction, chose essentiel dans ce genre d’œuvre ! Tout est narré avec talent, scènes après scènes, situations après situation, ne se contentant pas seulement de reprendre l’intrigue directrice du livre adapté, mais étoffant les personnages, leur donnant toujours plus de consistance, de relief, surtout à Hercule Poirot ; du détective posé, calme et gentleman, nous transiterons lentement vers l’homme déterminé et froid, quand le cerveau prendra le dessus, et que résoudre cette affaire sera devenue pour lui la priorité vitale.


La légendaire fin est amenée avec brio, toujours grâce à cette caméra qui sait comment mettre en valeur sa ribambelle de personnages, surtout lorsqu’ils sont tous réunis. La révélation prend son temps, de façon à pouvoir être appréciée tout autant par ceux qui connaitraient le fin mot de l’histoire, que par les néophytes, qui entreraient dans ce récit pour la première fois. Et Branagh réalisateur, a très bien compris comment guider le spectateur vers la révélation, de manière à ce que même en ayant conscience de l’identité du tueur, nous puissions malgré tout apprécier comme il se doit cette fin bien connue.


Il ne manque que bien peu de choses au final, pour faire transiter cette grande surprise de « très bonne adaptation », à « excellent film ». La qualité des décors d’Istanbul au tout début, peut laisser à désirer, tout comme ces légères longueurs survenant sporadiquement. La sous exploitation de quelques rares personnage au profit d’autres, même si cela est aussi de l’ordre du détail. Enfin, la Bande Originale de Patrick Doyle, très discrète et sans la moindre prise de risque. Pas vraiment dérangeante en soit, car la musique n’est pas ce à quoi en pense en premier quand on nous parle de l’Orient-Express. Mais tout de même, on aurait pu imaginer quelques thèmes plus frappants, plus marquant à certains moments.


Du reste, l’opulence du train, les détails apportés aux wagons servant au huit-clôt de l’intrigue, ainsi que les costumes d’époque (et la moustache de Poirot !) sont autant de petits détails loin d’être insignifiant, et qui, au contraire, magnifient cette œuvre déjà particulièrement réussie. A noter dans cette catégorie, que la version française ne souffre d’aucun défaut majeur. Certains comédiens de doublage sont, comme à leur habitude, parfaitement dans le ton (n’est-ce pas, messieurs Renaud Marx et Bruno Choël ?), quand tout les autres reprennent tous simplement les acteurs qu’ils avaient l’habitude de doubler, sur des tonalités qui ne surprennent pas. Ils font un travail agréable, comme de coutume.


En résumé, et afin de conclure cette critique déjà bien trop longue, l’adaptation du Crime de l’Orient-Express de et avec Kenneth Branagh, est une monumentale surprise, extrêmement agréable et foutrement fidèle à l’esprit de l’œuvre d’Agatha Christie ! Un bon moment, que je ne saurais trop vous recommander, afin de vous faire votre propre avis sur la chose. Croyez-moi, si vous êtes fan de romans policiers, je ne vois pas comment vous ne pourriez pas adhérer à cette retranscription visuelle d’une des histoires les plus connu du petit monde de la littérature.

Sherns_Valade
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le 14 déc. 2017

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Sherns Valade

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