Tirée d’une pièce de théâtre de Frederick Knott, Dial M for Murder présente les limites habituelles de ce registre : un huis clos confiné dans le petit appartement du couple et un jeu limité à cinq acteurs. Le suspense en est, par conséquent, réduit. Sera-t-il pris ? Ou pas ? Oui. Non. Oui... Nombre de réalisateurs s'accommoderaient de la situation. La question est plus délicate pour sir Alfred qui doit sa réputation à sa capacité à créer de la tension, et donc de la contingence.
Afin de mettre la main sur la fortune de sa femme infidèle, un mari trompé planifie son assassinat. Les quatre seconds rôles sont bons. Grace Kelly, l’épouse adultère et évanescente, est sous-employée. Le tueur (Roger Rudel) est, lui aussi, rondement tué. Les personnages de l’inspecteur aux magnifiques moustaches (John Williams) et du romancier/amant (Robert Cummings) ne prennent de l’importance que lors de l’ultime scène.
L’essentiel du film repose sur les solides épaules de Ray Milland, l’incarnation du machiavélique mari. Si on admirera son sang-froid, sa capacité à improviser pour surmonter une avalanche de complications inattendues ; les fameux grains de sable qui s’accumulent et viennent dérégler sa subtile mécanique ; il lui manque ce supplément d’âme, ce charisme, qui nous l’attacherait, nous privant du minimum d’empathie pour le héros. Dès lors, il nous est difficile de déplorer son funeste destin. Dommage, l’œuvre restera mineure.