Je ne peux pas dire que j'ai adoré ou que j'ai trouvé "Crimen ferpecto" hilarant, mais je dois reconnaître que l'espagnol Alex de la Iglesia propose ici une comédie burlesque d'une belle efficacité, dont la mise en scène survoltée constitue la première qualité.
Le cinéaste originaire de Bilbao sait indéniablement tenir une caméra et le fait savoir, toute la grammaire cinématographique de la comédie et du thriller est ici convoquée, de sorte que l'œil du spectateur se trouve sans cesse sollicité, au point que ça devient presque fatigant sur la durée.
L'humour est iconoclaste et corrosif, même si le propos pourra sembler finalement assez convenu : il s'agit surtout de dénoncer nos sociétés modernes fondées sur le culte de l'apparence, même si Alex de la Iglesia fait feu de tout bois, et ne manque pas d'égratigner, au détour d'une scène ou d'une réplique, les valeurs familiales, conservatrices ou managériales.
A l'arrivée, "Crimen ferpecto" s'avère donc un mélange de comédie féroce et de thriller jubilatoire, portée par l'interprétation réjouissante et outrancière de ses deux anti-héros, incarnés par le sémillant Guillermo Toledo et la déjantée Monica Cerveda. Une autre facette de l'univers baroque du cinéaste espagnol, dont on pourra découvrir le versant plus sombre dans "Balada triste".