C’est le deuxième film de Welles que je vois, après Citizen Kane. Si « le criminel » est évidemment loin en tout point du premier film du réalisateur, il n’en demeure pas moins assez intéressant.

Il faut tout d’abord se pencher sur la genèse du film : Welles, qui avait déjà abusé de la confiance des studios sur ses précédents films (délai de tournage non respecté, nombreuses libertés prises par rapport au budget), voulait avec ce troisième film regagner la confiance des studios. Cette fois-ci, il a donc respecté les délais etc, afin que les studios lui laissent carte blanche pour « la dame de Shanghai ».

Ce contexte explique déjà le classicisme du film, l’absence de thématiques, et de fulgurances scénaristiques.

Or le film est loin de manquer de qualités.
Dans un premier temps, le film n’a aucun ou peu de dialogues, est mystérieux et intriguant. Dans ce premier quart d’heure, la mise en scène est très efficace. Dans cette traque mystérieuse, et presque désincarnée (qui est qui ?), l’absence de développement, permet à Welles de s’amuser sur sa réa. Il multiplie les prises de vues désaxées, et les jeux d’ombres (la lumière du film est d’ailleurs magnifique) pour installer cette ambiance angoissante (certains visuels semblent tout droits sortis du cinéma expressionniste ). Quand l’intrigue se développe, cette réalisation se fait plus discrète, mais sait tout de même éclater aux moments opportuns.

Le scénario quant à lui est hyper classique. Outre le changement assez intéressant qui s’opère au milieu du film, où les personnages occupant le rôle de protagoniste et d’antagoniste s’inversent, en offrant une réflexion sur le point de vue au cinéma, l’intrigue est linéaire, et sans surprise. Tout de même bien ficelée, et assez prenante. Quant aux personnages, aucun ne ressort (appart peut être celui de la femme de Welles, le seul ayant un développement via son dilemme intérieur). Ce sont tous des personnages fonctions , assez unilatéraux dans leurs écritures. On peut cependant noter un dénouement dans le clocher d’une église, dans la pure veine du cinéma hollywoodien de l’époque, assez spectaculaire.

En conclusion, le film n’a rien de marquant, mais se suit tout de même avec plaisir, de par l’intrigue prenante, notamment grâce à ce changement de personnage principal, et le savoir-faire de Orson Welles, qui brille même sur ses films les plus impersonnels.

Jonas_Choice
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le 1 août 2018

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