Il est compliqué de parler d’un film qui nous a tant envoûté. Car oui, j’ai été envoûté par cette histoire tragique que dépeint Bergman. Cette vision acerbe de la relation mère-fille, relation à laquelle l’amour ne serait pas inhérent.
Le film brasse une multitude de thèmes, tous liés de près ou de loin à l’amour, et à la fatalité qu’il entraîne. Cet amour filial inconditionnel, et réciproquement cet amour parental inexistant. La parenté est le motif principal du film, exploré de fond en comble, via les différents personnages.
Le titre est loin d’être anodin; le piano ne symbolise pas ici un échappatoire, comme souvent dans le cinéma; non, ici, il cristallise la confrontation entre ces deux personnages de mère et fille meurtries, résumé par cette scène, où chacune se livre à une interprétation d’une prélude de Chopin; la première, douce et incertaine, la seconde, plus dure et ferme. Ces deux personnages sont interprétés à merveille, particulièrement par Liv Ullmann, extraordinaire dans ce rôle de femme abîmée par sa mère, avec une sensibilité à fleur de peau.
La dramaturgie du film ne repose que sur cette confrontation, filmée en huis-clos, comme pour faire ressortir les névroses. Ce tête-à-tête, va s’intensifier graduellement, jusqu’à ce que les confessions éclatent.
Bergman retranscrit à merveille cette gradation avec sa caméra. Il filme avec une précision folle, l’émotion sur le visage de ses personnages. Le presbytère dans lequel se passe l’action , est le théâtre de le décrépitude de cette relation. Le cadre, au début aéré et confortable, va se resserrer peu à peu, pour devenir suffocant, et ne filmer que la détresse de ces deux femmes. Il en es de même de la photo, qui se terni progressivement.
« Sonate d’automne » est un film tragique et poignant, tour à tout doux et brutal, comme deux interprétations d’une même prélude de Chopin.