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Après l’expérimental « Eggshells » en 1969, Tobe Hooper va exploser aux yeux du monde avec le cultissime « Massacre à la tronçonneuse » en 1974. Électrisant les foules, traumatisant des générations, il était désormais attendu au tournant et malheureusement ne réussira jamais à s’extirper de son premier succès, usant de son cachet jusqu’à la caricature. Parmi ses propositions, il signe son troisième métrage en 1977, « Le crocodile de la mort » qui reprendra nombre d’ingrédients qui firent sa réussite mais souffrira d’un développement chaotique et du désaveu même de son propre réalisateur qui abandonnera le tournage en cours de route.


Dans les faits, toutes les conditions semblaient cependant réunies pour installer Tobe Hooper dans la continuité. Un gros budget et des décors reconstitués furent octroyés ainsi qu’un casting de premier plan dans le cinéma de genre. Très vite les conditions de tournages vont se détériorées. Entre les velléités des producteurs et le caractère acide d’un réalisateur connu pour son jusqu’au boutisme, l’opposition et le départ d’Hooper semblaient inéluctables. Il en résultera un long-métrage qui flirte régulièrement avec le cinéma Z potache, souffrant d’un manque de rythme évident et d’un montage charcuté.


Basant le propos général sur un scénario prétexte à une débauche de violence, le film n’en est pour autant pas dénué de qualités. Entre une photographie magnifiée par des couleurs saturées et la prestation survoltée d’un Neville Brand possédé et toujours à la limite de la surenchère, il se dégage une ambiance malsaine et poisseuse qui nous rappelle, par moment, que Tobe Hooper est, du moins une partie du film, derrière la camera. Signe des obsessions du réalisateur, on retrouve son actrice fétiche Marilyn Burns et un fait divers comme source d’inspiration première du récit. C’est aussi l’occasion de voir Robert Englund en action avant son rôle de Freddy Krueger dans « Les griffes de la nuit » de Wes Craven en 1984.


Contrairement à son titre français putassier et surfant sur la vague du succès de « Les dents de la mer » de Steven Spielberg en 1975, le crocodile n’apparait que furtivement et sert d’argument au développement de la folie qui imprègne Judd, gérant d’un motel minable au fin fond de la Louisiane. C’est peut-être la une des plus grandes réussites du métrage car la ou Neville Brand est totalement investi dans son rôle, le crocodile en carton pâte paye le poids des années et apparait totalement ridicule.


En conclusion, « Le crocodile de la mort » reste un petit objet de curiosité témoin du lourd cloisonnement que conférera « Massacre à la tronçonneuse » à Tobe Hooper. Bourré de défauts tributaires du chaos qui régna pendant le tournage et lors du montage final, il n’en reste pas moins intéressant pour ses quelques moments de bravoures qui le ponctuent et pour la description des travers d’une Amérique profonde délaissée.

DBH
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le 25 août 2017

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