Au milieu de toutes ces tentatives de faire de l'argent avec de mauvais acteurs, 15 euros et trois jumpscares, certains réalisateurs respectent encore le genre et ses spectateurs.
S'il a beau être classique dans ses thématique et son développement, The Boogeyman est un vrai bon film d'horreur à mettre dans votre liste.
Ce n'est pas très étonnant de retrouver un réalisateur prometteur, Rob Savage, qui avait fait parler de lui en 2020 avec un nouveau genre très covid : Dans "Host" (je vous le conseille), l'essentiel de l'action se vivait à travers zoom, derrière un écran. Aujourd'hui, loin de révolutionner le genre, il donne une leçon de ce que doit être le film d'horreur de nos jours :
Un découpage classique des évènements :
Le film singe la plupart des films d'horreurs mainstream et bas de gamme : première scène qui fait peur, introduction, crescendo de la tension, apparition d'un personnage qui apporte des explications, résolution du problème et deux fins différentes.
Sauf que, dès la première scène, le ton est donné. C'est un nourrisson qui est massacré (je sors de Terrifier 3, y'a plus de limites concernant les enfants) dans une scène beaucoup trop terrifiante pour une introduction et qui donne le ton.
Alors oui, on va passer par tous les poncifs du genre, mais Rob Savage respectera toujours ces passages obligés sans jamais céder à la parodie.
Des thématiques classiques avec des acteurs impliqués, çà change tout :
Le film aborde frontalement la question du deuil, dès son introduction, en s'appuyant sur des acteurs très charismatiques et impliqués dans leurs rôles. Mention particulière pour les cinq minutes de David Dastmalchian (c'est son année, foncez aussi voir Late Night With the Devil), et les deux jeunes actrices, qui sont de toutes les scènes et nous font croire aux peurs de leurs personnages.
Le respect du monstre et de la tension :
Un monstre, moins on le montre et plus il a de poids. Décider de le cacher dans l'obscurité la plupart du temps est non seulement un gain financier, mais un choix payant pour le spectateur, chez qui la peur du noir est forcément ancrée. Tout ce qu'on voit 90% du temps, ce sont ses yeux terrifiants.
Au niveau du rythme, une alternance entre le traitement du sujet du deuil (porté par la relation père-fille et le mutisme du père, pourtant psychologue) et les apparitions du monstre est mise en place. C'est encore un choix mainstream que je ne valide d'habitude pas (je préfère une tension croissante et suffocante comme dans le remake d'Evil Dead), mais que j'ai encore vu ici comme une lesson vers les films d'horreurs classiques et téléphonés.
Photographie et caméra haut de gamme :
Mais quand la tension revient, Rob Savage réussit toujours à nous surprendre, pas par des jumpscares éculés, préférant des jeux de lumière et de voix qui font leur effet. On n'est pas non plus chez les films les plus beaux du genre (It follows ou tout Ari Aster par exemple) mais il y a quelque chose de largement meilleur que la bouillie numérique à laquelle les gros studios nous ont habitués.
Conclusion :
Ce film n'est clairement pas un chef d'oeuvre, mais ravira les amoureux du genre lassés par le peu de qualité dans l'horreur ou sera une belle porte d'entrée pour les novices qui veulent un bon film pour se lancer.